dimanche 3 avril 2011

Au Maroc, l’étonnant discours d’un roi


Mohammed VI a surpris son peuple en annonçant mercredi une réforme des institutions qui, si elle devenait effective, transformerait le pays en monarchie constitutionnelle.

Il aura pris tout le monde de court. Onze minutes de discours, sept points et une réforme majeure pour le royaume. Elle était réclamée depuis de longues années par une partie de l’opposition, depuis quelques semaines par la rue, et plus personne ne l’attendait. En résumé, Mohammed VI a promis mercredi de renforcer le pouvoir du Premier ministre, qui deviendrait «chef d’un pouvoir exécutif effectif» et «pleinement responsable de la conduite du programme gouvernemental».
Valet. C’est la mesure phare de ce projet de réforme : le Premier ministre choisi par le roi étant devenu dans la pratique un valet du souverain, notamment parce que la Constitution actuelle, réformée en 1996, ne précise pas si l’institution gouvernementale est une entité subordonnée au monarque ou si elle est autonome. Désormais, ce Premier ministre sera obligatoirement issu du parti arrivé en tête des élections, et non plus choisi arbitrairement par le roi. Par ailleurs, la Chambre des représentants, élue au suffrage universel, devrait se voir dotée de pouvoirs supérieurs par rapport à la Chambre haute, dont les membres sont élus aux élections indirectes. L’indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs, mais aussi la composante berbère amazigh du Maroc seront inscrites dans la Constitution.
Enfin, la démocratie devrait s’élargir aux régions, avec des conseils qui seront désormais élus au suffrage direct, leurs présidents dotés de pouvoirs qui revenaient jusque-là aux gouverneurs et aux walis (préfets) nommés par le roi. Pour mettre en œuvre cette batterie de réformes, une commission ad hoc doit être créée et sera présidée par le constitutionnaliste Abdellatif Menouni. Il aura notamment pour mission d’être «à l’écoute» et de «consulter les partis politiques, les syndicats, les organisations de jeunes et les acteurs associatifs». Les propositions de réforme devront être présentées au roi d’ici le mois de juin, avant d’être soumises à référendum, comme le prévoit la Constitution.
«Sacralité». Des mesures importantes sur le papier, saluées par l’ensemble de la presse hier. «Il a fait preuve de lucidité et d’intelligence politique, commente Driss Ben Ali, économiste et figure de la société civile. Il n’y avait pas péril en la demeure et il a su se montrer à l’écoute des revendications.» «Ce n’est pas assez, commente pour sa part Najib Chaouki, blogueur et l’un des organisateurs du «mouvement du 20 février», à l’origine de la vague de manifestations qui s’est emparée du royaume ces trois dernières semaines. Le roi réduit le pouvoir des walis, mais il ne résout pas le problème. On ne veut plus de walis ou de caïds[chef local, non élu, ndlr]. On ne veut que des élus, comme dans tous les systèmes démocratiques.» Nizar Bennamate, 25 ans, également membre du mouvement de contestation, est moins catégorique. «Les promesses sont intéressantes, mais je suis méfiant, explique-t-il. Le roi reste ambigu sur la question centrale de la monarchie : pourquoi n’a-t-il pas clairement parlé de monarchie parlementaire ?» Les deux confirment le maintien de la manifestation du 20 mars pour «continuer à faire pression». Ils veulent demander la libération immédiate de tous les prisonniers politiques et obtenir plus de garanties sur la transition vers une monarchie parlementaire.
Du côté des partis politiques, l’enthousiasme est unanime. «Les gens pensent que la monarchie parlementaire, ça se décrète, or, pour moi, c’est un processus, et il a été clairement lancé par le roi», relativise Ali Bouabid, membre du bureau politique du parti socialiste, l’USFP. Selon lui, Mohammed VI est allé très loin dans ce discours «historique et audacieux», en donnant des orientations qui ouvrent la voie à une «démocratisation du régime», notamment avec le transfert de pouvoir aux conseils régionaux. Lui craint plutôt une incapacité des «élites politiques et des partis à faire face à ces réformes».
«Ce discours ouvre beaucoup de perspectives, estime quant à lui Driss Ben Ali, mais pose aussi beaucoup de questions», en particulier sur le rôle du roi. Quelles seront les attributions exactes du Premier ministre ? Y aura-t-il toujours des ministères de souveraineté ? «L’armée, la sécurité et le Sahara occidental, traditionnellement placés sous l’autorité directe du roi, seront-ils soustraits à la responsabilité du gouvernement ?» De la même façon, le monarque a réaffirmé la «sacralité» de sa personne mercredi soir, et son rôle de «commandeur des croyants». «Je ne vois pas comment la sacralité peut s’accorder avec la modernité, estime encore Driss Ben Ali. Tout décideur politique doit pouvoir être contrôlé et évalué.»
Pour l’économiste, il faut donc «passer au plat de résistance» et mettre en œuvre tous ces principes pour pouvoir juger. Et jusqu’au mois de juin, date à laquelle la commission ad hoc chargée de la réforme doit rendre sa copie, il faut maintenir la pression de la rue. «Nous devons rester vigilants, comme en Tunisie ou en Egypte, où les gens continuent de manifester chaque jour.»

Syrie: vague d'arrestations au lendemain de manifestations


Manifestants et militants des droits de l'homme font état de dizaines d'interpellations, mais aussi de tirs à balles réelles.

Les autorités syriennes ont procédé samedi à une vague d'arrestations au lendemain de manifestations ayant rassemblé des milliers de personnes en faveur de la démocratie et fait au moins neuf morts, ont indiqué des militants des droits de l'homme.

Les Etats-Unis et l'ONU ont dénoncé le recours à la force contre les manifestations qui ont eu lieu vendredi en Syrie à l'appel d'opposants déçus par l'absence d'annonce par le président Bachar al-Assad d'une réforme démocratique majeure face à la contestation sans précédent.

Près de 40 personnes ont été appréhendées à Douma, à 15 km au nord de Damas, à Homs, 160 km au nord, et à Deraa, épicentre de la contestation lancée le 15 mars à 100 km au sud de la capitale, selon les militants.

Quelque 200 personnes ont manifesté de nouveau à Deraa. "La mort plutôt que l'humiliation", "Liberté, Liberté", ont-ils scandé, alors que la Syrie vit depuis près de 50 ans sous le régime de l'état d'urgence qui réduit les libertés et interdit les manifestations.

Des dizaines de manifestants ont été interpellés et embarqués à bord d'un autocar après le rassemblement, a indiqué un témoin. A l'aube avaient déjà été appréhendés l'architecte Khaled al-Hassan, l'avocat Hassan al-Aswad, l'enseignant Issam Mohammed et Mohammad Fara, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé à Londres.

Dans la cité agricole de Douma, où une manifestation s'est terminée dans le sang la veille avec au moins huit morts et des dizaines de blessés, au moins douze personnes ont été interpellées, a affirmé un militant. Les forces de sécurité n'ont rendu que quatre corps aux familles et un seul a été enterré samedi.
Snipers

Un témoin avait affirmé que les policiers avaient riposté par des tirs à balles réelles contre les manifestants qui leur lançaient des pierres à la sortie de la mosquée à Douma.

Mais les autorités ont accusé "une bande armée" d'avoir tiré. La télévision officielle a interviewé trois membres des services de sécurité hospitalisés qui ont affirmé "avoir été, lors de la manifestation, la cible de tireurs embusqués sur les toits et de motards cagoulés".

Dans la ville industrielle de Homs, où des manifestations avaient également eu lieu, l'OSDH a fait état de 17 arrestations.

L'agence officielle Sana a accusé une autre "bande armée" d'avoir tiré contre des manifestants dans cette ville, tuant "une fillette".

L'OSDH a exigé dans un communiqué que "soient libérés tous les prisonniers d'opinion, que cessent les arrestations abusives d'opposants politiques et que les citoyens puisse jouir de leurs droits légitimes de se rassembler pacifiquement et de s'exprimer".

Par ailleurs, a été postée samedi sur Youtube la vidéo du réquisitoire d'un député de Deraa contre les forces de sécurité, les accusant d'avoir ouvert le feu "sans pitié" et reprochant au chef de l'Etat de n'être pas venu dans la région pour s'excuser.
Excuses

Selon Youtube, Youssef Abou Roumiyé aurait fait son intervention lors du discours mercredi au Parlement du président Bachar al-Assad, mais cela ne semble pas être le cas et il a été impossible d'en avoir confirmation.

Les forces de sécurité "ont ouvert le feu sur des citoyens à Deraa faisant des morts et des blessés, et ont empêché que ces derniers soient transportés vers les hôpitaux", raconte-t-il.

Après les faits, "les gens (...) attendaient vraiment la visite du président Bachar al Assad, ses excuses et ses condoléances aux habitants", dit-il.

Les Etats-Unis ont salué vendredi le "courage et la dignité" des manifestants syriens, et le chef de l'ONU Ban Ki-moon "a déploré le recours à la violence contre des manifestants pacifiques", selon un communiqué de son porte-parole.

Quelque 2000 druzes habitant sur le plateau du Golan occupé par Israël ont manifesté samedi pour soutenir le président syrien, a indiqué le site israélien Ynet.

Libye: des civils tués par une frappe de l'Otan


%" assure, dans l'hôpital d'Ajdabiya, le Dr Mohamad Ahmad. "C'était une erreur. Ces voitures étaient trop près des combats, tout près des lignes de Kadhafi. Et un soldat ou un civil Neuf rebelles et quatre ambulanciers ont été tués par erreur à Brega, où se poursuivent les combats. Tripoli rejette le cessez-le-feu proposé par le Conseil de transition. Le point ce samedi.

Des civils tués par un frappe de l'Otan

Un avion de la coalition a ouvert le feu à vendredi à une quinzaine de kilomètres à l'est de Brega sur un convoi de cinq ou six véhicules, dont une ambulance, après qu'un rebelle a tiré en l'air à la mitrailleuse.
Neuf rebelles ont trouvé la mort dans cette frappe, ainsi que les quatre occupants de l'ambulance, le conducteur et trois étudiants en médecine de Benghazi.
Selon le déroulement des faits, reconstitué par l'AFP sur place et à Ajdabiya, tout serait parti d'un tir de joie, vers le ciel, d'un insurgé libyen. "L'un de nos hommes a tiré en l'air, après un raid de l'Otan contre les positions des hommes de Kadhafi. Il était heureux, ils avançaient sur Bréga", explique Issa Khamis, chargé à Ajdabiya de la coordination avec les autorités de la rébellion, à Benghazi. "Les avions ont vu des balles traçantes, ils ont certainement cru qu'on leur tirait dessus alors ils ont détruit le convoi", ajoute-t-il.
"C'est un raid de l'aviation. J'en suis sûr à 100
mal entraîné a fait la bêtise de tirer en l'air".
 
Sur le lieu de la frappe. Photo Andrew Winning / Reuters
A Ajdabiya, acquise à la cause de l'insurrection libyenne, pas une voix ne s'élève pour blâmer l'Otan et ses avions, sans lesquels les rebelles n'ont aucune chance face à l'armée de Tripoli.
Cinq km après l'emplacement du tir sur le convoi civil, une position entière de l'armée de Tripoli a effectivement été détruite vendredi soir par les chasseurs-bombardiers de l'Otan.
Une équipe de journalistes de l'AFP a compté samedi matin, dispersés dans les dunes, sept cadavres de soldats libyens, dont certains atrocement déchiquetés. Près de l'amas de ferraille noirci qui fût l'un de leurs pick-ups, le cratère d'une bombe: cinq mètres de diamètre, deux de profondeur.
L'Otan a de son côté indiqué qu'elle enquêtait sur ces informations, sans pour autant avoir ouvert d'enquête formelle.

Brega repris par les insurgés ?

La bataille pour le contrôle de la ville pétrolière de Brega, dans l'est de la Libye, se poursuivait samedi en fin d'après-midi par d'intenses échanges de tirs entre les forces de Mouammar Kadhafi et les insurgés.
Les rebelles tiraient au lance-roquettes multiple vers le sud de la ville en direction des positions de l'armée loyale à Kadhafi. Le contrôle du terminal pétrolier restait incertain, même si, en début de matinée, des rebelles avaient affirmé tenir cette position.
Des tirs d'obus partaient de la ville vers sa périphérie, ont indiqué à l'AFP des rebelles, de retour du front.
 
A l'extérieur de Brega. Finbarr O'Reilly / Reuters
Le site pétrolier de Brega constitue depuis plusieurs jours le théâtre d'intenses combats et la ligne de front entre les forces loyalistes et les rebelles, qui avaient dû se replier vers Ajdabiya plus à l'est.


Pas de cessez-le-feu

A Benghazi, fief des rebelles à 1000 km à l'est de la capitale, Moustapha Abdeljalil, chef du Conseil national de transition (CNT) mis en place par la rébellion, s'est dit prêt à respecter un cessez-le-feu, à deux conditions: «que nos frères dans les villes de l'ouest puissent s'exprimer librement et que les forces (pro-Kadhafi) qui assiègent nos villes se retirent.»
Mais Tripoli a rejeté ces conditions vendredi soir, affirmant que les troupes gouvernementales ne quitteraient pas les villes qu'elles contrôlaient.

Civils tués

Onze personnes dont huit civils ont péri en trois jours dans la zone disputée, selon des sources médicales à Ajdabiya, à 80 km à l'est de Brega: cinq civils sont morts mercredi, trois jeudi et trois rebelles vendredi.
Les versions divergeaient cependant sur les circonstances exactes de la mort des civils, l'une affirmant qu'ils avaient été tués dans des raids aériens de la coalition internationale et l'autre disant qu'ils l'avaient été par les forces du colonel Kadhafi.
Tripoli a accusé vendredi soir la coalition internationale de commettre des «crimes contre l'humanité» en bombardant des civils, notamment dans l'est. Selon Moussa Ibrahim, six civils ont été tués jeudi par des frappes de la coalition à Bouargoub, un petit village près de Brega.

Raids de la coalition

Après avoir battu en retraite sous les bombardements de la coalition internationale, les troupes de Mouammar Kadhafi ont marqué des points sur le terrain ces derniers jours, reprenant plusieurs localités aux insurgés, en particulier le site pétrolier de Ras Lanouf.
Elles poursuivaient vendredi leur offensive à coups d'obus de chars et de roquettes sur la ville rebelle de Misrata, à l'est de Tripoli, faisant 28 morts en trois jours, selon un porte-parole des insurgés.
La coalition internationale a mené vendredi soir des raids sur des positions des forces loyales, dans les régions d'El-Khoms (est), et El-Rojban (nord-ouest), a rapporté la télévision d'Etat.
Vendredi, des responsables du Pentagone ont confirmé à l'AFP que l'US Army commencerait à retirer ses avions de combat et ses missiles du théâtre des opérations à partir de ce week-end pour s'en tenir, comme prévu, à un rôle de soutien, l'Otan ayant pris jeudi la direction des opérations assumées depuis le 19 mars par la coalition menée par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni.

Deux-tiers des Français favorables à l'intervention militaire

66% des Français restent favorables à l'intervention militaire de la coalition internationale en Libye deux semaines après le début des opérations, selon un sondage IFOP à paraître dans Dimanche Ouest-France. Un taux d'approbation inchangé par rapport à la précédente enquête Ifop sur le même thème, parue le 23 mars dans France Soir.

Israël réclame l'annulation du rapport Goldstone


Israël réclamait dimanche l'annulation du rapport de Richard Goldstone l'accusant de "crimes de guerre" durant son offensive contre la bande de Gaza à l'hiver 2008/2009, après les regrets exprimés par ce juge sud-africain.
"J'appelle l'ONU à annuler immédiatement le rapport Goldstone. Il faut jeter ce rapport dans les poubelles de l'Histoire", a affirmé le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Selon son bureau, il a demandé à des juristes et des experts du ministère des Affaires étrangères d'étudier le dossier.
"Il faut à présent multiplier les efforts pour que ce rapport soit annulé, et je vais m'y employer", a renchéri dimanche à la radio militaire le ministre de la Défense, Ehud Barak, après avoir demandé au juge Goldstone de "publier ses conclusions actuelles" sans se contenter d'un simple article de presse.
Dans une tribune publiée samedi par le Washington Post, M. Goldstone écrit que son rapport fin 2009 évoquant de possibles crimes de guerre de la part d'Israël comme du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, pendant l'opération "Plomb durci" aurait été "un document différent" aujourd'hui.
Dans sa tribune samedi, M. Goldstone a expliqué que des attaques israéliennes contre des civils avaient été classées comme intentionnelles parce qu'aucune autre conclusion n'était possible à l'époque, mais que de nouveaux éléments avaient montré depuis qu'il n'y avait pas eu de politique visant à cibler les civils "de manière intentionnelle".
Cette conclusion s'appuie sur le travail d'enquêteurs israéliens, qui ont examiné "plus de 400 allégations de mauvaises conduites opérationnelles", selon un comité créé par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU pour assurer le suivi du rapport, explique le juge Goldstone, relevant que le Hamas n'a pour sa part pas mené d'enquête sur ses propres tirs contre des civils.
L'offensive israélienne visant à mettre fin aux tirs de roquettes depuis le territoire palestinien avait coûté la vie à 1.400 Palestiniens, en majorité des civils, et à 13 Israéliens, pour la plupart des militaires.
A la publication du rapport, les autorités israéliennes, qui avaient refusé de collaborer avec l'enquête de l'ONU, s'étaient déchaînées contre son auteur, accusé de faire le jeu du Hamas à Gaza.
Après la tribune, le président israélien Shimon Peres a appelé le juge "à s'excuser, pour avoir accusé Israël de crimes de guerre et ignoré que l'offensive d'auto-défense +Plomb durci+ avait été lancée en riposte à des milliers de roquettes tirées (depuis Gaza) contre des civils innocents".
Un porte-parole du Hamas a déclaré dimanche à l'AFP que le mouvement islamiste réagirait "dans la journée" à la volte-face de M. Goldstone.
Tous les journaux israéliens ont consacré dimanche leur première page aux "regrets" du magistrat sud-africain.
"Il voit enfin clair", écrit le grand quotidien populaire Yédiot Aharonot. "Après tous 2les dommages que vous nous avez causés, vous vous réveillez. Bien le bonjour! Mais, c'est trop tard! ", s'est écrié à la radio publique Yaron Dekel, expert des affaires politiques.
Pour l'éditorialiste du journal Maariv, le juge sud-africain "ne mérite pas le pardon, car il a agi d'une façon misérable et honteuse, contraire aux normes les plus fondamentales de la morale, de la justice et du bon sens".
Et le quotidien de gauche Haaretz salue les regrets du juge comme "une formidable victoire médiatique d'Israël".

Syrie: un ex-ministre chargé de former le nouveau gouvernement


Le président syrien, Bachar al-Assad, a chargé dimanche le ministre de l'Agriculture sortant, Adel Safar, de former le nouveau gouvernement, a annoncé l'agence officielle Sana alors que le régime fait face à une vague de contestation.
"Le président Bachar al-Assad a promulgué un décret chargeant Adel Safar de former le gouvernement", a rapporté Sana.
Membre du parti Baas et âgé de 58 ans, M. Safar a fait des études d'agriculture à l'Université de Damas avant d'obtenir un doctorat en France. De 1997 à 2000, il a occupé le poste de doyen de la faculté d'Agriculure à Damas avant de devenir ministre de l'Agriculture en 2003.
Le gouvernement sortant de Mohammad Naji Otri, en fonction depuis 2003 n'a pas survécu à la contestation dans le pays et a démissionné le 29 mars.
Le mouvement de contestation, déclenché le 15 mars à l'appel de pages Facebook exigeant des réformes politiques, en particulier la fin de la corruption, l'instauration d'un Etat civil et plus de libertés.
Mercredi, dans son premier discours depuis le début de la contestation, M. Assad a affirmé que son pays était confronté à une "conspiration" et n'a pas proclamé la fin de l'état d'urgence en vigueur depuis 1963 que lui seul peut abolir.
Le lendemain, le président syrien a annoncé la création d'une commission de juristes qui doit rédiger d'ici au 25 avril une nouvelle législation pour remplacer la loi d'urgence, et d'une commission d'enquête sur les morts à Deraa et à Lattaquié.
Le parti Baas avait décrété l'état d'urgence dès son arrivée au pouvoir en mars 1963. Celle-ci réduit sensiblement les libertés publiques et permet l'arrestation de "suspects ou de personnes menaçant la sécurité". Elle autorise aussi la surveillance des communications et le contrôle préalable des médias.
Bachar al Assad est arrivé au pouvoir en 2000, après avoir succédé à son père qui avait dirigé ce pays depuis 1970.
Les autorités syriennes ont procédé samedi à une vague d'arrestations au lendemain de manifestations ayant rassemblé des milliers de personnes en faveur de la démocratie et fait au moins neuf morts, selon des militants des droits de l'Homme.

Au moins 41 morts dans un double attentat au Pakistan


Deux kamikazes ont tué dimanche au moins 41 personnes en faisant exploser leurs bombes à l'entrée d'un mausolée soufi dans le centre du Pakistan, pays en proie à une vague extrêmement meurtrière d'attentats des talibans alliés à Al-Qaïda, a annoncé la police.
L'attaque visait les pèlerins qui venaient se recueillir devant la tombe d'Ahmed Sultan, un saint soufi du 13e siècle, plus connu sous le nom de Sakhi Sarwar, à Dera Ghazi Khan, un district où les talibans et d'autres groupes qui leurs sont alliés sont relativement actifs.
"Deux kamikazes à pied ont fait exploser les bombes qu'ils portaient quand la police a tenté de les empêcher d'entrer", a expliqué à l'AFP Zahid Hussain Shah, un officier de police contacté par téléphone sur les lieux du drame.
"Pour l'heure, nous avons compté 41 morts", a-t-il précisé, ajoutant que plus de 70 personnes ont été blessées. Les victimes sont essentiellement des pèlerins et des personnes venant, comme chaque dimanche dans de nombreux sanctuaires de saints de l'islam au Pakistan, passer une journée en famille.

Syrie: des dizaines de milliers de personnes aux obsèques des manifestants de Douma

Des milliers de personnes ont accompagné dimanche les dépouilles de huit manifestants tués vendredi à Douma, près de Damas, alors que le président syrien Bachar al-Assad a nommé le ministre sortant de l'Agriculture Adel Safar pour diriger le nouveau gouvernement.

Les protestataires ont annoncé de nouvelles manifestations cette semaine alors qu'Internet a été coupé plus de six heures et que les communications par le téléphone portable étaient très difficiles en raison, officiellement, d'une "congestion" du réseau.

"Huit morts de Douma ont été enterrés aujourd'hui. Il y a trois autres manifestants tués mais qui sont des villages voisins d'Arbine et Sbinah", a déclaré Mazen Darwiche, directeur du Centre national de l'information et de la libre expression, fermé depuis 2009, qui était présent aux obsèques.

Selon lui, "des dizaines de milliers de personnes ont participé aux obsèques. Elles ont scandé des slogans en hommage aux martyrs, réclamé la liberté et s'en sont prises à la presse officielle".

"Où sont les gangs", proclamaient des pancartes pour tourner en dérision la version officielle accusant des "bandes armées d'avoir ouvert le feu vendredi à partir des toits".

Quelques appels à la "chute du régime" ont été étouffés par la foule. Les obsèques sont parties de la grande mosquée de Douma vers le cimetière en passant par les rues de la ville. Il n'y avait aucune présence visible des forces de sécurité.

Pour sa part, Mountaha al-Atrache, porte-parole de l'organisation syrienne des droits de l'Homme "Sawasiyah", qui a aussi participé aux obsèques, a assuré que "les manifestations se poursuivront. Le peuple ne gardera plus le silence car la barrière de la peur est tombée".

Vendredi, huit protestataires avaient été tués lors de l'une des manifestations après le discours présidentiel jugé décevant.

Selon un habitant, 90 personnes interpellées par les forces de sécurité ont été remises en liberté mais il en reste 15 dont on est sans nouvelles.
Appel à une journée de protestation mardi

Par ailleurs, le président Assad "a promulgué un décret chargeant Adel Safar de former le gouvernement", selon l'agence officielle Sana.

Membre du parti Baas, M. Safar, 58 ans, est un spécialiste des questions agricoles notamment dans les régions arides. "C'est un geste fort envers cette population particulièrement touchée ces dernières années par une terrible sécheresse", a expliqué à l'AFP un économiste.

Le gouvernement dirigé par Mohammad Naji Otri, en place depuis 2003, n'a pas survécu à la contestation et a présenté mardi sa démission.

Mais cette nomination n'a pas satisfait les contestataires. Ils appellent à une "semaine des martyrs" avec une journée de protestation mardi, au "boycottage" mercredi des téléphones portables qui ont offert une heure gratuite à la population pour avoir soutenu le régime, et à des rassemblements jeudi devant les sièges du parti Baas à l'occasion de l'anniversaire de la fondation de ce parti en 1947.

Ils ont également demandé à leurs partisans de défiler vendredi dans toute la Syrie pour montrer "le mécontentement du peuple". Il s'agira du quatrième vendredi où les Syriens sont appelés à descendre dans la rue pour afficher leur mécontentement face à l'absence de libéralisation du régime.

"La contestation est limitée dans son ampleur mais elle s'enracine", a affirmé à l'AFP un homme d'affaires syrien qui a tenu à garder l'anonymat.

Et si le nombre des manifestants est resté limité, la contestation s'est élargie sur le plan géographique. Vendredi, des manifestations se sont ainsi déroulées pour la première fois dans le nord du pays, à majorité kurde.

Au total, près de 80 protestataires ont été interpellés depuis vendredi à Damas, Homs, Douma, Deraa et Deir Ezzor (450 km au nord-est de Damas).

Un conseiller de Kadhafi démissionne, un autre se rend en mission en Grèce


Le haut diplomate libyen Ali Triki a démissionné de ses fonctions de conseiller de Mouammar Kadhafi et de représentant de la Libye à l'ONU, ont indiqué dimanche des responsables de la Ligue arabe.
M. Triki, un ex-ministre des Affaires étrangères et des Affaires africaines, qui a aussi représenté la Libye aux Nations unies (2003-2009) et en France (1995-2000), s'est entretenu dimanche au Caire avec le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa mais a refusé de parler à la presse.
Doyen des diplomates libyens, il était le "Monsieur Afrique" du colonel Mouammar Kadhafi. Il a ainsi joué un rôle important dans la création de l’Union africaine en 1999 et a participé directement à la médiation de plusieurs conflits en Afrique, notamment au Soudan, au Tchad, et entre l’Éthiopie et l’Érythrée.
Malgré ses 73 ans et ses problèmes de santé, M. Triki avait été nommé début mars par le colonel Kadhafi représentant de la Libye à l'ONU après la défection d'Abdelrahman Chalgham.
Depuis 2004, il occupait la fonction de secrétaire (ministre) aux affaires de l'Union africaine.
M. Triki, qui a présidé l'assemblée générale de l'ONU de septembre 2009 à la fin 2010, a démissionné de ses fonctions officielles mais n'a pas dit s'il rejoignait la cause des rebelles voulant renverser le colonel Kadhafi, ont indiqué des responsables de la Ligue sous le couvert de l'anonymat.
Il s'agit de la deuxième figure du régime libyen à démissionner cette semaine, après le ministre des Affaires étrangères Moussa Koussa.
M. Koussa, qui a dirigé autrefois les services secrets libyens et a fait partie du premier cercle de Mouammar Kadhafi, a fait défection et est arrivé mercredi au Royaume-Uni après avoir transité par la Tunisie.
Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères Abdelati Laabidi, vice-ministre pour les affaires européennes, est par ailleurs entré en Tunisie dimanche matin par le poste-frontière tuniso-libyen de Ras Jdir, ont indiqué à l'AFP des témoins sur place.
Le 28 mars, M. Koussa était arrivé en Tunisie par le même chemin, officiellement pour une "visite privée", avait-on indiqué de source officielle tunisienne. Deux jours plus tard, Moussa Koussa avait pris un vol au départ de Djerba pour Londres, où il devait annoncer sa défection dès son arrivée.
Abdelati Laabidi avait accompagné Moussa Koussa durant son court séjour à Djerba, mais avait quant à lui regagné Tripoli par la route le même jour.

Un émissaire de Kadhafi en Grèce

Par ailleurs, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères libyen Abdelati Obeidi, émissaire du gouvernement libyen, va rencontrer dimanche soir le Premier ministre grec Georges Papandreou à Athènes, a indiqué le cabinet du Premier ministre.
M. Papandreou "rencontrera en fin d'après-midi le responsable libyen faisant office de ministre des Affaires étrangères, ainsi que le lui a demandé le Premier ministre libyen" durant un entretien que les deux hommes ont eu samedi, a indiqué le cabinet de M. Papandreou dimanche dans un bref communiqué.
Outre le Premier ministre libyen Al-Baghdadi Ali Al-Mahmudi, M. Papandreou s'est également entretenu avec le Premier ministre du Qatar samedi Hamad Bin Jassim Bin Jabr Al Thani.
Par ailleurs, il a eu dimanche un entretien téléphonique avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, a ajouté le communiqué.

Libye: où piocher des infos sur internet?


Avec seulement 350.000 habitants qui ont accès à internet depuis leur domicile ou leur travail, la Libye est beaucoup moins connectée à la toile que ses voisins égyptiens, et surtout tunisiens. Ce qui n'a pas empêché l'insurrection de s'organiser sur la toile, pendant que Kadhafi et son fils, Seif al-Islam, mutlipliaient les interventions sur les télés serbes, turques, américaines.
De multiples sites et comptes Twitter se sont créés, beaucoup en anglais. Certains sont basés en Libye, d'autres sont alimentés depuis l'étranger, souvent par des Libyens expatriés.
Voici quelques repères. Recommandations avant de commencer la navigation: ne pas avoir (trop) peur de l'anglais, prendre les dires avec précaution, et savoir que «graphic video» désigne une vidéo au contenu très dur, sanglant.

«Libya Alhurra», la télé endeuillée des insurgés

Sur Twitter: @LibyaAlHurraTV
Ce streaming, agrémenté d'un tchat, est tenu par «une équipe de modérateurs issus de la diaspora libyenne partout dans le monde», écrit Streetpress.com, qui a fait appel à eux plusieurs fois. Leurs contacts sur place en Libye (...) assurent le rôle de correspondants.
Capture d'écran du streaming de Libya Alhurra
Le fondateur de cette web-télé Mohammed Nabbous, citoyen-reporter de terrain, a été abattu le 19 mars à Benghazi, lors des affrontements entre pro et anti-Kadhafi. Lire sur Streetpress.com.
Après l'annonce de sa mort, les hommages se sont multipliés. Voir celui de CNN:
Source: Youtube/CNNinternational
Il existe aussi une radio Alhurra, qui émet depuis Benghazi. Lire/écouter ce reportage sur l'Atelier des médias, web-émission participative de RFI.

@feb17voices, les twitts depuis la Californie

C'est un Californien de 28 ans, John Scott-Railton, qui a lancé et anime ce fil Twitter. Des Libyens expatriés ou réfugiés aux Etats-Unis l'aident. Leurs sources: «une centaine» de Libyens, joints par téléphone ou par tous les moyens audio qu'offrent internet.
La difficulté, c'est que «la possibilité de joindre les gens est très fluctuante. En ce moment par exemple, on arrive à joindre les gens à Benghazi, grâce à internet ou des téléphones satellitaires. Mais c'est très difficile à Misrata.»
La petite équipe de @feb17voices enregistre les témoignages ou les retranscrit en notes sur Twitter. Ce sont des LPC, «live phone call» dans le jargon. S'y ajoutent des infos pêchées sur les sites d'information traditionnels.
-> Exemple de LPC, le 23 mars:
Leur audience: «Beaucoup de journalistes, des Libyens de l'étranger, des formations politiques, des leaders», détaille ce doctorant en urbanisme, qui dit «chercher à construire une information fiable sur Twitter». «Je n'ai aucune formation de journaliste, mais je ne poste que des informations fiables», défend-il.
John Scott-Railton avait déjà «couvert» ainsi le soulèvement égyptien. C'est d'ailleurs la coupure des téléphones et d'internet dans ce pays, aux premiers jours de la révolution, qui l'a incité à recourir à ses contacts et amis sur place pour faire sortir du pays informations et témoignages.

Les live-blogging du 17 février

Une même date pour référence, le 17 février (jour où a débuté le soulèvement), et deux live-blogging: feb17.info et libyafeb17.com piochent dans les informations des agences de presse et des médias internationaux. S'y ajoutent quelques témoignages. Ces deux sites ont été hackés simultanément le 23 mars.
-> Ils sont également présents sur Twitter:
Libyafeb17.com se présente comme «une toute petite équipe, qui travaille constamment pour que le monde garde des nouvelles de ce qui se passe en Libye.»
Contactés par Liberation.fr, ils détaillent: «Nous sommes une équipe de deux personnes, des Libyens basés au Royaume-Uni, membres d'aucun groupe, d'aucun mouvement. Nous sommes notamment en contact avec quelqu'un qui nous aide à nous coordonner avec le bureau des médias de l'insurrection à Misrata [qui possède un compte Youtube, ndlr].»

Sur Twitter

Avec les hashtags #Libya ou #feb17 (en référence à la date à laquelle a commencé le soulèvement), on a aussi une bonne idée de ce qui se dit sur le site de microblogging.
Parmi les sources les plus actives:
@ShababLibya (plus de 30.000 abonnés) est un fil animé par «un groupe de jeunes libyens dans et en dehors de Libye». «Nous n'appartenons à aucun parti politique ni factions, ne le voulons pas (...). Nous sommes ici pour réveiller notre peuple de l'injuste oppression qu'il subit», proclament-ils sur leur page Facebook.
@iyad_elbaghdadi (plus de 7000 abonnés) suit de très près les événements en Libye et rapporte des informations fiables. Ce résident dubaïote et «islamique libertaire», ainsi qu'il se décrit, raconte sa méthode à Libé.fr: «Au tout début du conflit, j'ai constitué un réseau de twitteurs soit habitant la Libye, soit y ayant de la famille. Petit à petit, je suis entré en contact direct avec un certain nombre d'entre eux.»
Résidant à Dubaï lui aussi, Sultan Al Qassemi suit également de près la situation et peut être considéré comme une source très fiable. Il écrit régulièrement des tribunes, publiées dans le quotidien émirati The National et dans le Guardian.
@TrablesVoice (initialement @AliTweel), était une source prolixe sur Twitter... jusqu'au 3 mars. Depuis cette date, ce Tripolitain, «combattant pour la liberté», n'a rien posté sur son fil. Les inquiétudes s'expriment sur Twitter, mais personne n'a pudire ce qu'il était devenu.

Journalistes twitteurs

On peut citer Rob Crilly, pour le Telegraph (il tient également un blog), Nic Robertson, correspondant international de CNN, ou encore Alexander Marquadt, reporter d'ABC News, qui poste aussi pas mal de photos.

Les sources officielles

Côté insurgés, le site du Conseil intérimaire national de transition, sur le fronton duquel est affiché la devise de la «République libyenne»: «Liberté, justice, démocratie». On y trouve une présentation du CNT et de ses principes, un agrégat de vidéos de groupes qui déclarent leur allégeance à la révolution, ou encore les communiqués de presse.
Le CNT est aussi sur Twitter, depuis le 6 mars. Leur premier twitt:
Côté pro-Kadhafi, on peut consulter en ligne, en anglais ou en français, mais dans une version qui n'a pas grand-chose à voir, le site du service audiovisuel d'Etat: la LJBC, pour Libya Jamahiriya Broadcasting Corporation. A lire notamment, le compte-rendu du discours du colonel, mardi.
Capture d'écran d'une partie de la page d'accueil du site ljbc.net, le 23 mars.

Où est passé Laurent Gbagbo?

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Les informations les plus contradictoires circulent sur le sort de Laurent Gbagbo. A Paris, un haut responsable nous affirme que la résidence du président sortant, dans le quartier de Cocody, a été investie par les forces pro-Ouattara au cours des dernières heures. Sur place, pas de trace de Gbagbo. "Il s'est évanoui dans la nature, dit cette source. A-t-il pris un hélico pour se réfugier à l'étranger? C'est peu probable. Il est plus vraisemblablement caché dans l'agglomération, entouré par ses partisans.

Mais, sur place, un diplomate assure que les combats acharnés continuent autour de la résidence de Cocody. Ils auraient en revanche cessé il y a peu près du camp de gendarmerie d'Agban. A la mi-journée, l'ambasadeur de France, Jean-Marc Simon, a évoqué la possibilité que Gbagbo ait trouvé refuge au Palais présidentiel, situé de l'autre côté de la lagune, dans le quartier administratif du Plateau. Les forces pro-Ouattara seraient en ce moment même en train de lancer l'assaut sur cette enceinte, où le président sortant avait été investi par le Conseil constitutionnel début décembre.
Enfin, " La Lettre du continent" évoque, de son côté, un possible départ pour le Bénin, dirigé par l'un de ses proches, Thomas Yayi Boni.
Ce matin, de source diplomatique, on évoquait à propos de la situation sécuritaire des "poches de résistance" dans Abidjan, mais pas de chaos généralisé. Parmi ses poches, les cités universitaires de Cocody et de Port-Bouët, tenues par des activistes de la Fesci (Fédération des étudiants et scolaires de la Côte d'Ivoire) et des miliciens pro-Gbagbo. Toutefois, d'autres témoignages moins rassurants évoquent une multiplication des pillages, notamment en zone 4 ou à Treichville. 500 ressortissants étrangers  - dont 150 Français - ont trouvé refuge sur la base de la force Licorne.

Côte-d'Ivoire: Gbagbo résiste, les évacuations d'étrangers ont débuté

Des miliciens pro-Gbagbo à Abidjan, le 31 mars. 

19h35. L'Elysée annonce que Nicolas Sarkozy a décidé "le regroupement sans délai de tous les ressortissants français d'Abidjan afin d'assurer leur protection".
18h35. La réunion sur la Côte d'Ivoire autour de Nicolas Sarkozy prend fin.
18h30. Les premières évacuations d'étrangers fuyant la chaos ivoirien démarrent à Abidjan, où l'armée française a pris le contrôle de l'aéroport.
16h25. La réunion sur la Côte d'Ivoire autour du président Nicolas Sarkozy débute après l'arrivée à l'Elysée de Gérard Longuet, ministre de la Défense, et d'Edouard Guillaud, chef d'état-major des armées. Le Premier ministre François Fillon et le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé sont représentés par leurs directeurs de cabinet.
15h00. Alassane Ouattara dément une nouvelle fois, lors d'une conversation téléphonique avec Ban Ki-Moon, les accusations selon lesquelles ses partisans auraient participé au massacre de vendredi dans la ville de Duékoué.
14h30. Le chef de l'Onu Ban Ki-Moon demande à Alassane Ouattara, le président ivoirien reconnu par la communauté internationale, de prendre des mesures contre ceux qui ont pris part au massacre de huit cents personnes dans l'ouest du pays.
13h05. La télévision d'Etat ivoirienne, contrôlée par le président sortant Laurent Gbagbo, diffuse dimanche de violents messages contre la France. "Le génocide rwandais se prépare en Côte d'Ivoire par les hommes de Sarkozy. Ivoiriennes, Ivoiriens, sortons massivement et occupons les rues", peut-on lire sur un bandeau défilant.
11h55. Plus de 1.650 ressortissants étrangers, dont environ la moitié de Français, sont regroupés dans le camp militaire français de Port-Bouët à Abidjan, indique à l'AFP le porte-parole de la force Licorne, le commandant Frédéric Daguillon.
11h10. Sarkozy convoque une réunion à l'Elysée dimanche en milieu d'après-midi "pour faire un nouveau point sur la situation en Côte d'Ivoire", annonce la présidence dans un communiqué.
10h55. La France a dépêché 300 soldats supplémentaires en renfort en Côte d'Ivoire tandis que les forces françaises de l'opération Licorne ont pris le contrôle de l'aéroport international d'Abidjan, annonce à l'AFP le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major des armées à Paris.


8h30. La bataille d'Abidjan connaissait une relative accalmie dimanche matin autour des derniers bastions défendus par des fidèles du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, qui tiennent leurs positions depuis plus de trois jours, rapportent des habitants et des journalistes de l'AFP.
Dans le Plateau (centre), quartier du palais présidentiel, seuls quelques tirs sporadiques d'arme lourde étaient entendus au loin au matin, alors que pendant une partie de l'après-midi de vendredi les tirs avaient été très intenses, a-t-on constaté.
Dans le quartier de Cocody (nord), dans un large périmètre incluant la résidence présidentielle et la télévision d'Etat RTI, "pendant la nuit ça tirait par-ci par-là, à l'arme lourde et légère", a rapporté un habitant. "Mais il n'y avait pas de vrais combats, seulement des tirs sporadiques".
Depuis leur arrivée jeudi soir à Abidjan après une offensive éclair qui leur a permis de conquérir la quasi-totalité du pays, les forces d'Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, tentent sans succès de chasser les pro-Gbagbo de leurs bastions, tandis qu'Abidjan est livrée à la violence et aux pillages.
6h30. Selon la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci), 330 personnes ont été tuées en début de semaine à Duékoué, dans l'ouest du pays.
Parmi ces 330 victimes, plus de 100 ont été tuées par des mercenaires de Gbagbo avant que la ville ne tombe mardi entre les mains des Forces républicaines de Ouattara, qui contrôlent la quasi-totalité du pays, à l'exception de certains secteurs d'Abidjan, après leur offensive de lundi.
Ces tueries comptent parmi les plus graves depuis une décennie de crise politico-militaire.
La France, avec Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, en a appelé "solennellement aux parties ivoiriennes pour qu'elles s'astreignent à la plus grande retenue et s'abstiennent strictement de toute violence à l'encontre des civils".
La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) affirme pour sa part que "plus de 800 personnes ont été exécutées" à Duékoué, non en un seul jour comme le dit le CICR, mais depuis le second tour de la présidentielle le 28 novembre 2010, acte de naissance de cette crise.

Sarkozy propose un G20 sur le nucléaire à Paris


Le président français a proposé jeudi à Tokyo une réunion des autorités nucléaires des pays du G20 en mai à Paris
Il s'agira de "définir une norme de sûreté nucléaire internationale", a déclaré Nicolas Sarkozy lors d'un discours devant la communauté française à l'ambassade de France.

Il est arrivé jeudi à Tokyo, pour une brève visite de "solidarité" trois semaines après le séisme et le tsunami qui ont ravagé le nord-est du pays.
 "Il est absolument anormal que ces normes internationales de sûreté n'existent pas", a estimé Nicolas Sarkozy.

Il devait s'entretenir avec le Premier ministre nippon, Naoto Kan, avant de rentrer à Paris.

A Tokyo, le président français est accompagné de la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet. Celle-ci restera sur place de jeudi à samedi pour "recueillir  leurs besoins auprès des Japonais". Le séjour de la ministre doit aussi permettre "de cibler au plus près l'expertise qu'on peut leur apporter".

Pour ce faire, Nathalie Kosciusko-Morizet sera elle-même accompagné des dirigeants du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et de l'Autorité de sûreté nucléaire.

Anne Lauvergeon d'Areva à Tokyo mercredi
La présidente d'Areva Anne Lauvergeon ainsi que cinq experts du groupe nucléaire public se sont rendus au Japon pour porter assistance à Tepco, l'exploitant de la centrale nucléaire de Fukushima, a indiqué Areva mardi. "Cinq experts du groupe rejoignent les équipes d'Areva Japon afin d'analyser l'aide susceptible d'être apportée à Tepco dans le cadre de la gestion de crise à la centrale de Fukushima".

Les experts sont spécialisés dans la décontamination des effluents radioactifs et la gestion des piscines d'entreposage des combustibles usés. La délégation d'Areva a été reçue mercredi au Miti, le ministère japonais de  l'Économie, du Commerce et de l'Industrie et rencontrera le numéro 2 de Tepco.

Tokyo a demandé de l'aide à la France
Le ministre français de l'Industrie Eric Besson avait annoncé lundi que l'opérateur privé nippon avait demandé l'aide d'EDF, d'Areva et du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) durant le week-end. "La situation est extrêmement critique, extrêmement sérieuse. Je vois bien que l'opérateur Tepco n'a pas réussi depuis huit jours à stabiliser la situation", avait dit Eric Besson sur RTL.

Des centaines de cadavres pas encore récupérés


Jusqu'à un millier de corps de personnes tuées par le séisme et le tsunami n'ont pas été récupérés autour de Fukushima
Ils se trouvent dans la zone d'exclusion autour de la centrale de Fukushima où le niveau des rayonnements ionisants est élevé, a rapporté vendredi la presse.

Les cadavres ont en effet été "exposés à de forts niveaux de rayonnements  post-mortem", a indiqué une source, non identifiée. La police locale a donc décidé de ne pas procéder à la collecte.

Décontaminer ces corps sur place rendrait encore plus difficile leur identification ultérieure. Et les rendre tels quels aux familles causerait des dangers de pollutions aériennes radioactives lors de leur crémation, a précisé  Kyodo.

L'évacuation des riverains de la centrale nucléaire de Fukushima est une mesure "à long terme", a déclaré vendredi Yukio Edano, secrétaire général du gouvernement japonais.

Les autorités avaient dans un premier temps prévu de récupérer et transporter ces cadavres en dehors de cette zone de 20 km de rayon d'où les  rescapés ont été évacués. Mais elles ont reconsidéré ce projet, a précisé l'agence Kyodo en citant des sources policières.

Les autorités nippones conseillent aux habitants situés entre 20 et 30 km de rester cloîtrés chez eux ou de partir.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et l'organisation  écologique Greenpeace préconisent d'élargir cette zone d'exclusion.

Le premier ministre se veut rassurant


Aucun risque pour la population japonaise d'être exposée à la radioactivité si elle suit les conseils des autorités
C'est ce qu'a indiqué vendredi le Premier ministre Naoto Kan, trois semaines après le début de l'accident nucléaire de Fukushima.

L'agence de sûreté nucléaire japonaise avait suggéré la veille au gouvernement japonais d'envisager d'étendre la zone d'évacuation décrétée autour de la centrale accidentée.
 
Pour l'heure, les habitants ont été évacués dans un rayon de 20 km autour de l'installation. Des voix se sont élevées ces derniers jours pour que les autorités élargissent cette zone, compte tenu de la situation toujours inquiétante à la centrale mais le gouvernement a rejeté  jeudi la possibilité d'élargir dans l'immédiat cette zone, malgré une recommandation de l'Agence  internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Radioactivité en mer
La radioactivité dans l'eau de mer au large de la centrale est désormais 4.385 fois supérieure à la limite admise. Il s'agit du taux le plus élevé d'iode radioactif relevé en mer depuis le tsunami du 11 mars. Mercredi, l'agence de sûreté nucléaire parlait d'une radioactivité 3.355 fois supérieure à la limite admise.

Depuis le début de l'accident, toujours en cours, la centrale japonaise a rejeté de nombreux produits radioactifs, principalement de l'iode et du césium, transportés par les milliers de tonnes d'eau qui ont été déversées par les secours pour refroidir les installations. Après ce "lessivage", une partie de cette eau a nécessairement ruisselé dans le Pacifique tout proche.

Selon l'exploitant de la centrale Tepco et l'Agence de sûreté nucléaire nippone, la radioactivité relâchée en mer se dilue avec les marées et le risque sur les algues et  les animaux marins n'est pas important. Mais selon d'autres spécialistes, ces rejets radioactifs dans l'océan Pacifique seront sans conséquence majeure à l'échelle planétaire, mais ils  pourraient avoir un impact notable, voire durable, sur la vie marine au large de la centrale  japonaise.

Révision du nucléaire au Japon ?
Naoto Kan, Premier ministre japonais, a déclaré jeudi que la centrale nucléaire de Fukushima -Daiichi, endommagée à la suite du séisme et du tsunami du 11 mars, a besoin d'être mise hors service, rapporte l'agence de presse Kyodo. Le chef du gouvernement a également dit que le projet de construction d'ici 2030 de 14 nouvelles centrales ferait probablement l'objet d'un réexamen dans l'Archipel.

A voir:
>>  Des photos haute définition et détaillées du site de Fukushima sur le blog sciences de Libération.fr




Radioactivité en baisse en France

Selon l'IRSN, les concentration d'éléments radioactifs provenant du Japon sont en diminution dans l'air
L'Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire (IRSN) a confirmé samedi "une présence généralisée de traces d'iode 131 en France" tout en notant "une tendance à la diminution de la radioactivité dans l'air" ces derniers jours.

Selon les endroits, les concentrations les plus importantes dans l'air ont été détectées "entre le 29 et le 31 mars".

Les premières traces d'éléments radioactifs issus de l'accident nucléaire de Fukushima au Japon, à la suite du séisme et du tsunami du 11 mars, avaient été enregistrées le 24 mars en France, rappelle l'IRSN.

L'Institut souligne que "la présence d'iode 131 est confirmée dans les prélèvements d'eau de pluie, de lait et de végétaux" mais à des niveaux sans danger pour la santé et l'environnement.

"De l'iode 131 est notamment détecté à l'état de traces dans des  échantillons de lait de vache prélevés en Essonne (0,09 becquerel/litre) et en Vendée (0,15 becquerel/litre)", précise l'Institut.

L'IRSN tient à souligner que les concentrations mesurées en France dans les différents milieux surveillés (air, végétaux, eau de pluie, lait) "sont très faibles et ne présentent aucun danger environnemental ou sanitaire, même en cas de persistance dans la durée".

Visite du Premier ministre


Le Premier ministre japonais s'est pour la première fois rendu samedi sur les lieux du séisme et du tsunami
Le nord-est du Japon a été successivement ravagé depuis le 11 mars par un très violence séisme, un tsunami puis une catastrophe nucléaire.

Le 12 mars, Naoto Kan avait survolé en hélicoptère la centrale accidentée pour se rendre compte des dégâts. Par la suite, il avait annulé une première visite sur place à cause du mauvais temps.

Après son survol en hélicoptère, il avait été critiqué par des parlementaires: selon eux, ce vol aurait retardé des opérations d'urgence cruciales. Mardi, Naoto Kan avait défendu l'importance de son voyage en affirmant qu'il n'avait fait prendre aucun retard aux secours.

Samedi, le Premier ministre s'est d'abord rendu dans le petit port de pêche de
Rikuzentakata (préfecture d'Iwate), où 2300 personnes ont trouvé la mort. Cette ville de quelque 24.500 habitants avant le désastre, et connue pour sa forêt pittoresque et ses belles plages a été quasiment rayée de la carte. Seuls quelques immeubles de béton sont restés debout. Naoto Kan a rencontré des pompiers volontaires et des sinistrés qu'il a promis d'"aider jusqu'au bout". Il est aussi passé par une école maternelle accueillant des rescapés.

M. Kan a annoncé que le gouvernement envisageait de soutenir l'industrie aquacole touchée de plein fouet par le tsunami géant, comme les éleveurs de coquilles Saint-Jacques ou les fermes ostréicoles.

Il s'est ensuite rendu sur un vaste complexe footballistique, situé à une vingtaine de kilomètres de la centrale nucléaire accidentée Fukushima Daiichi  (Fukushima 1) et réquisitionné par les autorités pour servir de base arrière pour les opérations sur la centrale nucléaire. Il y a rencontré des employés de Tepco, des pompiers et des soldats qui luttent pour refroidir quatre des six  réacteurs et empêcher une catastrophe nucléaire.

"Je vous remercie pour votre travail formidable. Nous devons à tout prix contenir (toute propagation) et tenir bon jusqu'à ce que nous puissions montrer que notre pays a surmonté le séisme et le tsunami", leur a déclaré le chef du gouvernement, cité par l'agence de presse Jiji.

Fukushima: tentative de colmatage


Des ouvriers tentaient dimanche de colmater une brèche découverte dans une fosse reliée à la centrale de Fukushima
De l'eau hautement contaminée s'échappe de ce brèche de 20 cm de large dans l'océan Pacifique. Une première tentative de colmatage à l'aide de béton a échoué samedi, a  indiqué Tepco. Des ouvriers comptaient utiliser dimanche une colle polymère.


Un conseiller du Premier ministre japonais Naoto Kan a reconnu qu'il  faudrait plusieurs mois pour arrêter les émanations radioactives produites par quatre des six réacteurs de Fukushima Daiichi.

L'opérateur de la centrale, Tokyo Electric Power (Tepco), a annoncé dimanche le décès de deux de ses employés portés disparus depuis le séisme et le tsunami. Juste après le séisme, ils étaient partis inspecter le bâtiment de la turbine du réacteur n°4 de la centrale de Fukushima. Ils sont morts de multiples blessures, a rapporté Tepco.

Dans cette région du nord-est du Japon dévastée par un séisme et un tsunami géants, quelque 25.000 soldats japonais et américains continuaient pour la troisième journée consécutive à ratisser le littoral et sillonner la côte à la recherche de victimes. Les recherches en mer n'ont permis, pour l'instant, que de récupérer 167 corps. Trois semaines après la tragédie, le bilan toujours provisoire de la police s'établit à 12.009 morts confirmés et 15.472 disparus, dont les corps ont très probablement été emportés au large par le raz-de-marée.

Quid de la radioactivité ?
La centrale de Fukushima, située au bord de l'océan Pacifique à quelque 250 km au nord de la mégapole de Tokyo et de ses 35 millions d'habitants, était conçue pour résister à un tsunami de 6 mètres, mais pas à une vague géante de 14 mètres. Le 11 mars, ses six réacteurs se sont mis automatiquement à l'arrêt, comme  prévu, dès la première secousse du tremblement de terre de magnitude 9. Mais  le tsunami qui a suivi quelques minutes plus tard a noyé les circuits électriques et les pompes de refroidissement du combustible nucléaire.

Quatre réacteurs ont alors commencé à chauffer dangereusement, provoquant des explosions et des dégagements de fumée radioactives. Des centaines d'ouvriers de la société Tokyo Electric Power, propriétaire de la centrale, ont réussi, au péril de leur vie, à maîtriser le processus infernal, en arrosant les installations jour et nuit, d'abord à la  lance à incendie, puis en installant des pompes de secours.

Cet accident, le plus grave depuis la catastrophe nucléaire de Tchernobyl  en 1986, "va être une longue bataille", a reconnu Goshi Hosono, conseiller du Premier ministre Naoto Kan, lors d'une interview dimanche à la télévision Fuji TV. Il a notamment souligné qu'il faudrait "probablement plusieurs mois avant  de stopper les fuites radioactives". "Le plus grand défi concerne les quelque 10.000 barres de combustible usé dont le retraitement prendra très longtemps",  a-t-il ajouté.

L'objectif des employés de Tepco est de rétablir l'alimentation électrique pour faire fonctionner les circuits de refroidissement des quatre réacteurs endommagés. Les réacteurs 5 et 6 ont eux été épargnés par la catastrophe.

Mais les progrès sont lents, car d'énormes quantités d'eau utilisées pour  le "lessivage" des barres de combustible ont inondé les salles des turbines et  les galeries souterraines, empêchant toute intervention humaine. Le défi principal pour Tepco est d'évacuer ces nappes hautement  radioactives, dont une partie a réussi à s'échapper dans l'océan tout proche, à travers la brèche de 20 cm découverte dans une fosse reliée au réacteur 2. 

Des analyses d'échantillons d'eau de mer, pratiquées le 30 mars à 40 km au  sud de la centrale, ont révélé un taux d'iode radioactif 131 de 79,4 becquerels  par litre, alors que la limite légale est de 40 becquerels par litre. L'Agence de sûreté nucléaire a toutefois affirmé que cette substance radioactive se diluait dans l'océan et que cette pollution n'était pas dangereuse pour la santé.

Une plateforme flottante en acier de 136 mètres de long et 46 mètres de  large devrait arriver dans les prochains jours en face de Fukushima Daiichi. Ses réservoirs, d'une capacité de 10.000 tonnes, pourraient servir à évacuer l'eau contaminée de la centrale.

La situation dans la centrale de Fukuhima "reste très grave", a estimé vendredi l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Les leçons d’une défaite


Le mouvement de l’automne 2010 contre le projet Fillon de réforme des régimes de retraite se sera finalement soldé par une défaite. Pour comprendre les raisons de ce nouvel échec, venant après celui de 2003, et surtout pour en tirer les leçons, il faut partir de l’analyse critique de la stratégie suivie par le cartel des confédérations syndicales que ces dernières sont parvenues à imposer au mouvement en le conduisant dans une impasse qu’il n’a su et pu éviter, soldant ainsi sa défaite finale.
Une stratégie perdante a priori
La principale caractéristique du mouvement de cet automne a en effet été l’hégémonie qu’y ont exercée les organisations syndicales, réunies pour la circonstance en un cartel allant des plus droitières (CFTC, CFE-CGC, UNSA) aux plus «gauchistes» (FSU, SUD) en passant par les organisations soi-disant réformistes (CGT, CFDT), FO jouant les électrons libres pour tenter de cacher qu’elle se ralliait quant au fond et quant à la forme aux précédentes. Elles auront finalement contrôlé le mouvement de son début à sa fin, en en fixant les échéances et le rythme, en lui imposant sa stratégie, sans que les éléments de radicalisation qu’il a pu connaître et sur lesquels je reviendrai, ne parviennent à les déborder et encore moins à les subvertir.
La stratégie syndicale, clairement exprimée et répétée à souhait par les différents leaders syndicaux (François Chérèque et Bernard Thibault en tête), consistait à «gagner la bataille de l’opinion publique»: à mettre en évidence, à coup de manifestations de rue massives et répétées, appuyées de quelques journées de grève, que la reforme gouvernementale était impopulaire parce que perçue comme profondément injuste et que le gouvernement était de ce fait privé de toute légitimité démocratique en la matière, eût-il la légalité pour lui. Le présupposé en était qu’un gouvernement démocratique ne peut pas gouverner contre la rue et conduire à son terme une réforme aussi manifestement et massivement rejetée par le peuple (au sens politique du terme: l’ensemble des citoyens). Sauf à prendre le risque d’être lourdement sanctionné lors des prochaines élections générales. Elle visait donc à contraindre le gouvernement à retirer son projet, à tout le moins à ouvrir des négociations visant à l’amender d’une manière substantielle. Au cas où le gouvernement s’entêterait et passerait outre, en s’appuyant sur sa seule majorité parlementaire, elle impliquait que le mouvement s’arrête au terme de la procédure parlementaire et de la promulgation de la loi. Ce qui fut le cas.
Pareille stratégie n’était pas absurde a priori. Elle pouvait se prévaloir du précédent de novembre-décembre 1995 où, confronté à un mouvement social de grande ampleur, Alain Juppé (alors Premier ministre) et Jacques Chirac (Président) avaient dû sérieusement amender leur projet de «réforme» de l’assurance-maladie. Elle pouvait même invoquer un succès plus récent, celui du mouvement contre le «contrat premier emploi» (CPE) au printemps 2006, lorsque, face à la mobilisation massive de la jeunesse lycéenne et étudiante, à une série de manifestations de plus en plus imposantes de par le pays et à l’entrée en lice des syndicats de salarié·e·s, Dominique de Villepin (Premier ministre) et le même Chirac avaient été contraints de capituler, en suspendant l’application d’une mesure législative fraîchement votée et promulguée. Sans doute, ce souvenir était-il cet automne dans toutes les têtes… y compris celle de François Fillon (Premier ministre) et de Nicolas Sarkozy (Président).
Et, pourtant, cette fois-ci, cette stratégie a échoué, comme elle avait déjà échoué en 2003, lors du mouvement contre la précédente «réforme» de l’assurance vieillesse, alors déjà conduite par un dénommé François Fillon… Cet échec n’est pas imputable à la faiblesse du mouvement de cet automne, dont la durée et l’ampleur des manifestations ont dépassé celles des mouvements de 1995 et de 2006, et même celles du mouvement de 2003, au plus fort du mouvement. Il ne s’explique pas non plus seulement par le fait que, de l’une à l’autre des différentes équipes gouvernementales, si c’est bien toujours la même politique néolibérale qui constitue le paradigme de référence avec ce qu’il implique de défense des intérêts du capital et d’agression contre ceux des salarié·e·s, avec le tandem Sarkozy-Fillon, on a changé de style tout simplement parce qu’on se propose de franchir quelques notables échelons supplémentaires dans la mise en œuvre d’une pareille politique. Depuis 2007, à plusieurs reprises, Sarkozy et son gouvernement ont affirmé ne pas craindre l’affrontement social, voire le rechercher, en étant déterminés à ne rien céder: en un mot, ils ont clairement indiqué qu’ils étaient disposés à faire du Thatcher plutôt que du Chirac ou du Juppé.
En fait, dans ce changement de style et cette radicalisation dans la mise en œuvre la politique néolibérale, s’exprime l’approfondissement de la crise structurelle du capitalisme au cours des trois dernières années. Ce qui a changé depuis 2006, ce n’est pas seulement l’identité des occupants de l’Elysée et de Matignon, c’est la situation économique mondiale: sont survenus entre-temps, successivement, l’éclatement de la bulle financière transnationale constituée autour de l’émission des prêts subprime aux Etats-Unis, la plus sévère récession économique globale depuis les années 1930, l’explosion des dettes publiques du fait des plans de sauvetage du secteur financier, de la récession économique et des plans de soutien anticrise, explosion encore aggravée par les mesures antérieures d’allégements fiscaux au bénéfice du capital et des détenteurs de hauts revenus et de gros patrimoine, l’aggravation de l’austérité salariale et de l’austérité budgétaire pour tenter de limiter les déficits publics, risquant d’enclencher une spirale dépressive au niveau mondial, le déchaînement de la spéculation sur les titres des dettes publiques européennes, les menaces d’éclatement de la zone euro voire d’abandon pure et simple de l’euro, etc.
Tel a été l’arrière-plan immédiat de la «réforme» entreprise par Sarkozy et Fillon, qui explique à la fois la précipitation de son calendrier et l’intransigeance de sa mise en œuvre. Sous le regard des «marchés» (des opérateurs financiers porteurs et acquéreurs de titres de la dette publique) qu’il s’agissait de rassurer sur la capacité des Etats à contenir leurs déficits et à rembourser leurs dettes, il ne pouvait être question que de faire la preuve de sa capacité à imposer cette «réforme», quels que soient les moyens à employer à cette fin et quels que puissent en être les effets politiques (électoraux) à terme. Et cela même si, du point de la maîtrise des déficits publics et de la dette publique, la portée de cette mesure sera tout à fait insignifiante voire contre-productive: les économies réalisées au profit de l’assurance vieillesse risquent d’être compensées (négativement) par les dépenses supplémentaires qu’il faudra faire prendre en charge par l’assurance chômage, du fait de l’aggravation certaine du chômage des «seniors» consécutive à l’allongement de la durée de vie active qui va leur être imposée. A moins de pratiquer des coupes claires dans l’assurance chômage aussi, ce qui n’est pas exclu du tout.
Plus largement, ce qui condamnait la stratégie syndicale à l’échec, c’est l’invalidation même de son postulat dans les conditions actuelles. Le présent gouvernement ne considère plus qu’il tient sa légitimité des urnes et qu’il est comptable, auprès de ses électeurs et plus largement de l’ensemble des citoyens, de ses engagements antérieurs ni plus généralement du bien public. Sa seule légitimité est désormais celle qu’il tient de son inféodation totale aux intérêts du capital et notamment de sa fraction hégémonique, le capital financier transnationalisé, via la gestion de la dette publique. Et les signes de cette légitimité ne sont pas recherchés par lui dans l’assentiment de l’opinion publique à ses mesures mais dans les évaluations portées sur sa politique par la commission de l’Union européenne, la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international et, en définitive, les agences de notation évaluant les risques encourus par les acquéreurs de titres de la dette publique. Dans cette mesure même, la légitimité démocratique est plus que jamais devenue un leurre, un voile fallacieux qui masque la seule véritable allégeance que se sentent tenus de respecter Sarkozy, Fillon et consorts: celle au capital.
Dans ces conditions, comment expliquer la persistance des organisations syndicales dans une stratégie aussi manifestement perdante a priori ? L’illusion sur le souci de sa légitimité démocratique de la part du gouvernement a sans doute joué – exprimant la permanence des illusions sur la démocratie parlementaire de la part des dirigeants syndicaux mais aussi des syndiqués et, plus largement, de tous les salariés qui, à la suite des uns et des autres, ont poursuivi cette stratégie tout au long des mobilisations périodiques qu’elle exigeait. Sans doute y a-t-il eu aussi de la part des uns et des autres une part de calcul politicien: en forçant le gouvernement à s’entêter et à passer en force devant le parlement une réforme impopulaire, on préparait les conditions de sa défaite au printemps 2012. En oubliant que le revers subi par toute la droite lors de l’affaire du CPE en 2006 n’a pas empêché son champion de remporter les présidentielles l’année suivante ni ses troupes de se retrouver majoritaires à l’Assemblée nationale dans la foulée.
Plus fondamentalement, perdante pour les salariés et pour leur base, cette stratégie ne l’était pas nécessairement, bien au contraire, pour les directions des organisations syndicales. D’une part, parce qu’en faisant ainsi, une fois de plus, la preuve de leur capacité à (con)tenir leurs troupes et de leur «sens des responsabilités», elles ont conforté leur légitimité à l’égard du gouvernement, qui est visiblement de plus d’importance à leurs yeux que celle qu’ils disent vouloir obtenir de leurs syndiqués et du salariat en général. D’autre part, il n’était que trop évident que, pour certaines aux moins d’entre elles, ses directions étaient acquises aux principes et même aux éléments clefs de la «réforme» de l’assurance vieillesse (notamment l’allongement de la durée de cotisation et, partant, de la vie active), ne contestant que l’absence de «dialogue social» et quelques éléments de contenu. Il est tout à fait symptomatique de ce point de vue que les principales confédérations syndicales n’aient jamais exigé le retrait du projet gouvernemental de réforme, se contentant d’appeler à l’ouverture de négociations…
Le mouvement aurait pu se réduire à la précédente formule de la répétition de stériles manifestations de rue, appuyées de quelques «journées d’action», dans laquelle la stratégie syndicale prévoyait a priori de l’enfermer. Mais, rapidement, une partie du salariat et, plus largement, de la population française a adopté une posture plus offensive. Celle-ci exprimait la claire conscience que, pour faire reculer un gouvernement campant obstinément sur ses positions, il ne suffirait de battre le pavé avec insistance mais qu’une épreuve de force serait nécessaire. Elle signifiait donc implicitement une forme de rupture, au moins potentielle, par rapport à la stratégie syndicale. Mais le fait qu’elle n’ait commencé à s’exprimer qu’au bout d’un certain temps (les premiers signes en apparaissent dans la dernière décade de septembre et s’affirment nettement dans les premiers jours d’octobre 2010), après que plusieurs journées de manifestations et de grèves à l’appel des confédérations syndicales eurent mobilisé un nombre toujours croissant de personnes, y compris dans les plus petites sous-préfectures de province, administrant ainsi la preuve et de l’impopularité de la «réforme» et de la résolution d’une partie significative de la population de s’y opposer, signifie que, involontairement, la stratégie syndicale a eu sa part dans la réunion des conditions de la formation et de la consolidation de ce potentiel de lutte, notamment en suscitant la création d’intersyndicales au niveau local, qui vont se charger d’animer le mouvement… au moins dans un premier temps, avant que les directions nationales ne sifflent la fin de la récréation !
Autrement dit, destinée à lanterner le mouvement et y ayant en définitive réussi, la stratégie syndicale a aussi produit, pendant un moment, des effets pervers conduisant une base salariale de plus en plus large à la déborder pour envisager de s’inscrire dans une épreuve plus large et plus durable.
Cette perspective a commencé à se matérialiser lorsque, dans différents secteurs, suite à la «journée d’action» du 23 septembre, des salariés ont commencé à s’installer dans la grève reconductible. Lorsque le mouvement a touché les terminaux pétroliers, l’ensemble des douze raffineries de pétrole et les dépôts de produits pétroliers, en menaçant de paralyser à court terme le transport routier et, partant, une bonne partie de l’économie, notamment toute l’industrie fonctionnant à flux tendus, c’est la possibilité d’une généralisation de la grève qui a commencé et s’esquisser, tandis que des appels à la grève générale commençaient à se faire entendre. Et cette possibilité était manifeste au plus haut du mouvement, entre les journées du 12 et du 19 octobre, pendant laquelle ce sont plusieurs millions de personnes qui sont descendues dans la rue et que les grèves et blocages se sont multipliés localement.
On sait que, finalement, cette possibilité ne s’est pas actualisée. Les raisons en sont multiples. Les moindres sont à chercher du côté du gouvernement et des traditionnelles tactiques, en pareils cas, de provocation-répression et de pourrissement. Si les premières, à propos desquelles de nombreux témoignages ont circulé sur Internet (notamment en ce qui concerne la répression de la manifestation de Lyon le 19 octobre), ont pu avoir quelques incidences sur le nombre des manifestants, elles s’avéraient de toute manière peu efficaces face aux piquets de grève ou aux occupations d’entreprises: on a vu comment des dépôts ont été réoccupés par les grévistes à peine les CRS ou gendarmes mobiles qui les avaient fait évacuer s’en étaient-ils retirés. Quant à la tactique du pourrissement du mouvement, consistant à attendre que le temps joue contre le mouvement, elle repose par définition sur un pari risqué; car le temps peut aussi bien permettre au mouvement de grossir et de mûrir, de s’élargir et de se radicaliser. Différents signes d’une certaine fébrilité voire d’un début d’affolement ont d’ailleurs été perceptibles dans les sphères gouvernementales dans la dernière décade d’octobre: précipitation de la procédure parlementaire de vote de la loi, déclarations de Raffarin [1], etc.
En fait, ce sont bien une fois de plus les organisations syndicales qui ont sauvé la mise au gouvernement. Par leur inaction tout d’abord, valant démission à l’égard de la défense des intérêts du salariat qui est en principe leur fonction : elles n’ont strictement rien fait pour exploiter le potentiel de lutte qui s’était accumulé en cherchant à élargir le mouvement et à le radicaliser et ont explicitement refusé une généralisation des luttes, grèves et blocages, pourtant possible. Leur communiqué commun, cependant non signé par FO et SUD, du 21 octobre est explicite à ce sujet: alors que les grèves et les occupations se multiplient, il en appelle au «respect des biens et des personnes» comme un vulgaire professeur de droit ou maître de moral ; et, le dimanche 24 octobre 2010, à l’émission C politique, Thibault a clairement déclaré qu’il n’était «pas question de bloquer le pays», ce qui revient implicitement à souhaiter le reflux du mouvement. Et, en effet, loin d’activer la lutte, elles auront tout fait pour la neutraliser ne jouant elles aussi la montre (c’est le cas à partir de la fin octobre où elles n’appellent plus qu’à deux «journées d’action» espacées de dix jours – les 28 octobre et 6 novembre), en sabotant délibérément des initiatives de la base ou en montant des opérations «coups de poing» bidon (mal préparées, dont personne n’est informé… pour constater qu’elles ont échoué, faute de mobilisation) [2], en ne coordonnant pas la lutte entre les différentes entreprises et les différents secteurs ainsi qu’en isolant et en étouffant les pôles de radicalité (en particulier des raffineries de pétrole) qui auraient pu servir de points d’appui pour généraliser le mouvement.
Cependant ni la répression policière, ni la propagande gouvernementale relayée et amplifiée par les médias, ni même le dévoiement du mouvement par les organisations syndicales n’auraient pu opérer si la mobilisation du salariat n’avait pas présenté, tout au long de ces semaines, un certain nombre de limites évidentes. C’est de leur côté qu’il faut chercher les raisons essentielles de sa défaite finale.
En premier lieu, en dépit de la primauté du secteur privé sur le secteur public (pour la première fois depuis longtemps) comme force motrice du mouvement, il n’y a qu’une minorité de salariés qui se sont mis en grève. Ils se sont de surcroît concentrés dans un petit nombre de secteurs: chimie (raffineries), transports (SNCF, transports routiers et ports), services publics (enseignement, déchetteries, santé, poste), pour l’essentiel – ce qui revenait, une fois encore, à faire supporter par une partie minoritaire du salariat la tâche écrasante de créer le rapport de force qui pourrait faire basculer le restant attentiste du salariat dans le mouvement. De même, il faut regretter la faible liaison et implication avec des franges et les marges du salariat (précaires et chômeurs), en dépit d’un début de mobilisation de la jeunesse lycéenne tandis que les étudiants ont été les grands absents, en dépit d’esquisses de mouvement de grève et de blocage dans quelques universités. Il est clair qu’on a payé ici le poids de la crise pesant sur la combativité des salariés par le biais du chômage, de la précarité, de la baisse du pouvoir d’achat sans compter les effets, sciemment recherchés, d’individualisation et de désorganisation des collectifs de travail par les nouvelles techniques de management des entreprises.
En deuxième lieu, il faut regretter l’absence ou, tout au moins, la faiblesse de la constitution de comités de lutte et de coordinations pour articuler et renforcer réciproquement les entreprises en lutte. La constitution de quelques assemblées locales interprofessionnelles (à Rennes, à Caen, à Tours, Paris, Le Havre, Lens, etc. – avec même une rencontre de délégués de ces assemblées à Tours le 6 novembre) et l’intervention de personnes extérieures venues renforcer les piquets de grève (notamment autour de certaines raffineries) et les opérations «coup-de-poing» (blocages routiers et autoroutiers, etc.) ont été autant d’embryons d’auto-organisation du mouvement, indiquant la direction que celui-ci aurait dû prendre massivement. Mais le caractère précisément embryonnaire de telles réalisations dit aussi combien le mouvement est resté en deçà du point où il lui aurait été possible de rompre l’hégémonie exercée sur lui par les organisations syndicales et commencer à créer une situation de réel affrontement avec le gouvernement en même temps qu’avec le capital. Ce point n’aurait pu être atteint qu’en généralisant les blocages des secteurs clefs de la production, à commencer par l’énergie et les transports. C’est une leçon à retenir pour la prochaine fois !
En troisième lieu, le renforcement quantitatif et la radicalisation politique du mouvement auraient supposé un élargissement de sa plate-forme revendicative. Discuter de l’avenir de l’assurance vieillesse et plus largement de la protection sociale, sur fond d’aggravation de l’endettement public et de poursuite des politiques néolibérales d’austérité salariale et budgétaire, d’allégements de l’imposition du capital, des hauts revenus et des gros patrimoines, devait fournir l’occasion de rouvrir les questions relatives à l’emploi, aux conditions de travail, à la redistribution des richesses, pour le moins. Et il n’est pas utopique de penser que, dans ces conditions, les questions relatives à l’exercice de la propriété des moyens de production – sous forme par exemple des plans de licenciements collectifs, des politiques d’embauche des salariés, des choix d’investissements effectués par les directions d’entreprises, des banques, des fonds de placement, des plans de sauvetage par l’Etat des opérateurs financiers les plus exposés, etc. – n’auraient pas tardé à se poser, ouvrant des perspectives de radicalisation de plus vaste envergure encore. Que rien de tel n’ait été proposé dans le fil du mouvement ni a fortiori préparé en amont de celui-ci par les organisations syndicales dit, une fois encore, combien elles ont abandonné toute perspective de transformation sociale, même simplement réformiste. Mais que le mouvement lui-même n’ait pas fait émerger de telles questions dit, là encore, combien il était loin du compte.
En dernier lieu enfin, à aucun moment, même les secteurs les plus en pointe n’ont cherché à remettre en cause l’hégémonie des organisations syndicales sur le mouvement. Il est symptomatique qu’ils aient continué à interpeller leurs directions pour qu’elle lance la grève générale, alors que tout indiquait que non seulement elles n’en avaient pas l’intention mais qu’elles travaillaient inversement à la rendre impossible. Et, surtout, cela signifiait que ces secteurs considéraient que la préparation et la mise en œuvre des conditions d’une grève générale n’étaient pas de leur ressort; ce qui revient à dire que, en un sens, ils n’avaient pas encore compris ou réalisé ce que signifie une grève générale… Car on n’a jamais vu une grève générale lancée par une organisation syndicale ou un cartel de telles organisations.
La lutte des classes continue !
Et maintenant ? Gouvernement et patronat viennent d’enregistrer une nouvelle victoire. Pourtant, ils se sont bien gardés de tout triomphalisme. D’une part, parce qu’ils ont une claire conscience des conditions dans lesquelles la victoire a été obtenue (essentiellement grâce aux syndicats: cf. l’hommage répété de Sarkozy et de Fillon au «sens des responsabilités» des confédérations syndicales) et qu’ils sont passés près d’une épreuve de force dont il n’est pas certain qu’il s’en serait tiré victorieusement. Inutile donc d’agiter le chiffon rouge devant le taureau au risque d’indisposer les toréadors qui pourraient avoir du mal à contenir la bête excitée… D’autre part, patronat et gouvernement ont une conscience non moins claire de l’ampleur et de la profondeur de la crise structurelle dans laquelle le capitalisme est actuellement engagé et de ce qu’elle va impliquer: à la fois des dissensions de plus en plus graves entre les différentes fractions territoriales du capital sur le plan mondial (y compris et notamment à l’intérieur de l’Union européenne) et la nécessité (de leur point de vue) de nouvelles agressions contre le salariat, synonymes de nouvelles épreuves de force. Déjà se prépare une nouvelle «réforme» de l’assurance-maladie [3]. Plus que jamais, l’histoire continue et la lutte des classes en sera le moteur !
Dans ces conditions, on comprend aussi que les directions syndicales aient du souci à se faire. Certes, elles viennent de gagner un regain de légitimité auprès d’une partie du salariat (les nouvelles adhésions se sont multipliées à la CFDT et à la CFT durant le mouvement – ce qui dit la force de la persistance des illusions parmi les salariés) car elles semblent avoir été les seules capables de tenir tête au gouvernement – en dépit de la défaite finale. Mais, au fil de la répétition probable, dans les mois à venir, d’agressions du capital contre le salariat et de l’intransigeance croissante du premier qui ne leur laisse plus aucune marge de manœuvre (aucun «grain à moudre», comme disait l’ancien secrétaire de FO, André Bergeron), c’est leur discrédit qui risque au contraire de s’accroître au fur et à mesure où elles apparaîtront de moins en moins capables de défendre y compris les intérêts les plus immédiats des salariés, n’en ayant plus ni les moyens ni la volonté, et qu’elles pourront de moins en moins masquer leur nature de «chiens de garde» du capital. Sans compter que, sous l’effet de cette tension, non seulement le front syndical volera en éclats mais que certaines confédérations (et notamment la CGT) risquent de connaître une grave crise voire de scissionner.
Mais c’est du côté du salariat que les perspectives sont les plus contradictoires. Sans doute lui faudra-t-il un certain temps pour digérer ce nouvel échec, phase d’apathie et de repli que le gouvernement et le patronat vont sans doute mettre à profit pour tenter de lui quelques mauvais coups supplémentaires. Mais, en même temps, comme toute phase de lutte de quelque ampleur et durée, et en dépit de son issue négative, cet automne se sera soldé par la hausse de la conscience politique chez tous ceux qui sont entrés dans le mouvement pour la première fois tout comme de ceux qui n’en sont pas à leur coup d’essai. Aux uns et aux autres, il est apparu plus ou moins clairement à la faveur du raidissement du gouvernement que, aujourd’hui, non seulement le gouvernement n’est plus que le simple fondé de pouvoir du capital en général et du capital financier en particulier (l’affaire Woerth-Bettancourt ayant simultanément souligné l’étroitesse des liens unissant aujourd’hui les maîtres capitalistes à leurs valets ministres) mais que la moindre lutte réformiste ou même seulement défensive confronte directement les salariés aux exigences de plus en plus drastiques et inhumaines du capital, qu’elle souligne donc la nécessité d’une autre société. En même temps, elle aura fait apparaître que, face à la démission et la «trahison» des organisations syndicales, ils ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes, sur leur détermination, leur volonté et leur courage ainsi que sur leur capacité collective d’auto-organisation pour défendre leurs intérêts et construire une autre société. Certes, il s’agit là sans doute d’acquis fragiles, d’autant plus fragiles que les contours et le contenu de ces différents éléments restent encore nécessaires flous dans la conscience de la grande masse des salariés. Ce qui ne fait que souligner la nécessité et l’urgence d’un travail politique collectif (d’analyse, de discussion, de formation mais aussi d’organisation et de mobilisation) des groupes et des organisations qui entendent permettre au mouvement social de tirer les leçons de la lutte récente, de capitaliser son acquis et de s’armer idéologiquement pour les prochaines échéances, prévisibles ou non, de la lutte des classes et de les préparer activement ces dernières. Un travail qui reste largement à mener et qui sera certainement de longue haleine. Au taf, camarades !
1. «Il faut rompre avec la politique du gouvernement, il faut une rupture sociale…, (sinon attention) il peut arriver des choses désagréables avant 2012. » Le Monde, 21 novembre 2010.
2. François Ruffin en donne un exemple au début de son article «Dans la fabrique du mouvement social», Le Monde Diplomatique, décembre 2010, page 22.
3. Cf. Gérard Deneux, «Prochaine offensive du MEDEF contre l’assurance-maladie de la Sécurité Sociale», A Contre-Courant, n° 211, janvier-février 2011.

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