Finance, banque et assurance, métiers de l'immobilier, audit-comptabilité-gestion ou encore commerce et marketing... Bonne nouvelle, le monde du business recrute de nouveau. "Pas d'euphorie en 2011, après deux années de contraction, mais nous nous attendons globalement à une amélioration de 10 à 15% du marché de l'emploi", rapporte Fabrice Coudray, directeur général du cabinet de recrutement spécialisé Robert Half International.
Côté formations, la conjoncture renforce l'appétence des entreprises pour l'alternance (contrat d'apprentissage ou de professionnalisation). "Les licences professionnelles à bac+3 s'insèrent de mieux en mieux, même si le BTS reste le diplôme le plus recruté en volume, alors que la concurrence est très forte pour les bac+5 sur des postes de cadres qui leur sont plus rarement accessibles", résume Pierre Lamblin, directeur des études de l'APEC (Agence pour l'emploi des cadres). Enfin, la maîtrise de l'anglais est indispensable à tous les niveaux et une expérience internationale, fortement appréciée.
BANQUE-ASSURANCE: PLUS DE BAC+3
Les banques et les assurances ont relancé l'an dernier leur politique d'embauche de jeunes diplômés pour faire face à de nombreux départs à la retraite et à un besoin accru de compétences nouvelles. Le tout dans le cadre de la complexification des produits et de l'évolution règlementaire du secteur. Une bonne moitié des 40 000 recrutements annoncés au sein de ces entreprises cette année concernent les jeunes diplômés. "Le secteur continue de recruter, mis à part peut être en finance de marché fortement impacté par la crise. Quoi qu'il en soit, les jeunes bien formés ne restent pas sur le carreaux", assure Fabrice Coudray.
Pour autant, ils débutent en général en bas de l'échelle, par exemple sur des postes de conseillers clientèles en banque de détail. 75% des postes ouverts aux jeunes diplômés correspondent au niveau bac+2/3. Les BTS (brevets de techniciens supérieurs) banque, assurance et commerciaux (notamment NRC - négociation et relation client – et MUC - management des unités commerciales) ainsi que les DUT commerciaux restent très appréciés des recruteurs. Les universités délivrent aussi une trentaine de licences professionnelles dans la banque-assurance (banque-assurance à l'IAE de Lyon, gestion juridique des contrats d'assurance à Assas...). "Ces dernières – surtout si elles sont réalisées en alternance - gagnent du terrain, nos postes d'entrée demandant plus de compétences, techniques ou linguistiques, qu'auparavant", remarque Carole Sottel, responsable de recrutement chez BNP Paribas.
Les bac+4/5 se disputent un marché cadre restreint à un tiers du total des offres d'emplois, dont seules 10% sont destinées aux jeunes diplômés. Dans l'assurance grands comptes, Sabine Pinel recherche avant tout "des profils formés en alternance, voire disposant d'un double diplôme approfondissant les connaissances juridiques, par exemple". Ces derniers débuteront sur des postes commerciaux en gestion, en sinistre, en souscription, ou sur des fonctions plus techniques en actuariat (qui s'appuie sur les mathématiques financières et les statistiques pour modéliser les risques). Chargée de développement ressources humaines chez Axa Corporate Solutions, Sabine Pinel confirme "une tendance à la hausse du niveau de recrutement", due à l'évolution des métiers de l'assurance et/où à l'internationalisation de certains services.
En banque, selon Carole Sottel, les bac+5 "peuvent rapidement évoluer, sur des postes de conseillers grands comptes dans la banque d'affaire par exemple".
L'université propose plus d'une centaine de masters professionnels estampillés banque, assurance ou finance, ou encore des spécialités en économie et contrôle de gestion, en droit ou en MIAGE (méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprises), que ce secteur recrute également. Les diplômés de grandes écoles de commerce et d'ingénieurs (option finance) sont très recherchés, en fonction de la réputation ou encore de la dimension internationale de leur diplôme. Les ingénieurs travailleront aussi bien dans les fonctions supports (informatique) que dans le global risk management. Enfin, les établissements spécialisés tels l'ENASS (Ecole nationale d'assurances), l'ITB (Institut technique de banque) ou l'ITM (Institut des techniques de marchés) font office de véritable valeur sûre.
FRAGILE RELANCE DANS L'IMMOBILIER
Après une sévère coupe de 11% des effectifs en 2008, les agences et réseaux immobiliers (Orpi, Century 21...) se relèvent difficilement de la crise. "Le secteur recrute deux fois moins qu'avant", prévient Thierry Cheminant, directeur pédagogique de la FNAIM (fédération nationale de l'immobilier). Soit autour de 3000 jeunes diplômés, dont un quart sur des postes de cadres, chaque année. Les titulaires d'un BTS profession immobilière représentent 50% de ces recrutements.
Là encore, la licence pro gagne du terrain. "Le secteur de l'immobilier social (HLM) les apprécie pour leurs compétences techniques et juridiques plus approfondies. Aujourd'hui, avec l'apparition d'une législation de plus en plus complexe, même les cabinets de transaction se tournent vers ces profils", observe Thierry Cheminant. Les universités proposent une dizaine de licences professionnelles en immobilier (droit et opérations immobilières à Grenoble, gestion technique du patrimoine immobilier à Paris 1...). A bac+5, les grands cabinets se tournent vers les masters professionnels du secteur (à Dauphine, Assas, Marne-la-Vallée, Lyon 2, Marseille-Aix, Toulon, par exemple) et les diplômés d'écoles de commerce. A noter, au plus haut niveau, le mastère spécialisé en management urbain, environnement et services de l'ESSEC, mais aussi les écoles spécialisées (ESPI, ICH...), qui sont autant de valeurs sûres des métiers de l'immobilier.
AUDIT-COMPTA-GESTION, EXPÉRIENCE RECHERCHÉE
Les grands cabinets d'audit et de conseil (Deloitte, Ernst & Young, KPMG, Pricewaterhouse...) "anticipent la sortie de crise", juge Fabrice Coudray... et stabilisent (enfin) leur niveau de recrutement, concentrés notamment sur des postes d'auditeurs, de consultants financiers et d'expert-comptables. "Les profils comptables, de contrôle, d'audit, restent nécessaires et font partie des expertises métiers qui souffrent le moins en entreprise", résume ce dernier. Mais ce secteur recherche d'avantage des cadres confirmés que de jeunes diplômés. Ces derniers ne décrochent que 19% de l'emploi cadre, soit quelques milliers de postes par an", prévient Pierre Lamblin.
A bac+2, les étudiants ont avant tout le choix entre un BTS CGO (comptabilité et gestion des organisations) et un DUT (diplôme universitaire de technologie) GEA (gestion des entreprises et des administrations) "profils particulièrement bien perçus par les PME-PMI", souligne Fabrice Coudray. Les universités proposent également de nombreuses licences professionnelles (en management des organisations, option assistant de gestion et contrôle financier par exemple) d'université ainsi qu'un certain nombre de masters (comptabilité, contrôle, audit…).
Restent les grandes écoles de commerce et d'ingénieurs, voies royales "surtout si elles sont couplées en double diplôme avec une formation universitaire, comme un master comptable par exemple", note Pierre Lamblin. Vient, enfin, la filière traditionnelle des diplômes comptables, qui comprend le DCG (diplôme de comptabilité et gestion) à bac+3, le DSCG (diplôme supérieur de comptabilité et gestion) à bac+5 et le DEC (diplôme d'expertise comptable) à bac+8. Au sein de ce studieux parcours, les stages sont primordiaux (trois ans de stages sont imposés pour accéder au titre envié d'expert-comptable).
LE COMMERCE ET LA DISTRIBUTION, SECTEUR FLEUVE
La filière de la distribution et du commerce interentreprises, qui annonce 190 000 recrutements d'ici à 2015, a recruté près de 23 000 jeunes diplômés l'an dernier. Dont 13% de cadres, selon l'APEC. Les nouvelles recrues débutent avant tout comme commerciaux, à la sortie de l'un des quatre BTS du secteur: les BTS MUC et NRC – cités plus haut –, commerce international et technico-commercial. Le DUT techniques de commercialisation, les licences professionnelles (comme la licence en alternance DISTECH, dans la grande distribution) ou e-commerce (IUT d'Evry, Bordeaux 4, Nancy 2...) restent très recherchées.
A un niveau supérieur, les masters professionnels universitaires sont pléthore dans le domaine de la vente, parfois sectorielle (option agroalimentaire à Bordeaux 4 ou Montpellier 1; biologie à Grenoble 1…) ou encore le commerce international. Certaines spécialités, comme e-commerce/e-management (Paris 10 et 12, Rennes, Strasbourg…) ou responsable qualité, sont particulièrement bien perçues par les entreprises. Les écoles de commerce – aux parcours souvent plus internationaux – restent une voie royale pour évoluer dans ce secteur, toujours en fonction de la renommée de l'établissement qui délivre le diplôme. Et les entreprises diversifient de plus en plus les profils recrutés, allant notamment chercher de plus en plus d'ingénieurs pour combler leurs besoins sur des fonctions technico-commerciales. A noter, également, les formations très professionnelles délivrées en deux ans par les instituts de promotion commerciale et les écoles de gestion et de distribution des chambres de commerce et d'industrie.
LE MARKETING, FONCTION TRANVERSE
Les 300000 employés du marketing, recrutés aussi bien dans l'industrie que dans les services, se retrouvent dans tous les secteurs cités plus haut. Le commerce, le conseil et la gestion des entreprises, la distribution, l'informatique, la communication puis la banque-assurance restent les principaux secteurs où ces jeunes cadres sont recrutés. A bac+2, citons les BTS communication des entreprises et communication audiovisuelle et le DUT information-communication. A un plus haut niveau, les diplômés d'université, d'écoles d'arts appliqués mais aussi d'IEP (institut d'études politiques, Sciences Po), pour ceux qui visent les postes enviés de chef de pub ou de chef de produit, par exemple.
Là encore, une bonne école de commerce reste la voie la plus sûre. " Mais attention, prévient Pierre Lamblin, les diplômés de grandes écoles s'imaginent à tord débuter dans la stratégie marketing, alors qu'en vérité la plupart se retrouve dans le commercial-marketing, bref (là encore) dans la vente ". L'APEC a comptabilisé près de 20000 premiers emplois cadres dans le commerce-marketing en 2010, contre à peine plus de 1500 en marketing stricto-sensus. Parce que vous le valez bien… mais pas tout de suite.
Cet article est issu du hors-série du "Monde" "Le guide de l'après bac" vendu sur la boutique en ligne du "Monde" (8,50 euros)