François Hollande s'est officiellement déclaré jeudi "candidat à l'élection présidentielle" après des mois de faux suspense, ignorant les attaques des partisans de Dominique Strauss-Kahn et de la direction du Parti socialiste.
Dans un discours de sept minutes prononcé à Tulle, son fief de Corrèze, l'ancien premier secrétaire du PS s'est lancé dans la course à l'investiture socialiste en affichant sa volonté de "mettre la France en avant", une formule qui sonne comme un slogan de campagne.
"Je pars pour la primaire pour la gagner", a-t-il dit dans la soirée sur France 2.
Prié de dire s'il maintiendrait sa candidature au cas où le directeur général du FMI se décidait à concourir, François Hollande a répondu: "Si je me porte candidat, c'est pour aller jusqu'au bout (...) Il n'y a pas de doute à avoir".
Le député de Corrèze avait officialisé sa candidature moins de quatre heures après avoir été réélu à la tête du département dont il rêve de faire un tremplin vers l'Elysée, comme avant lui Jacques Chirac.
"Désormais, c'est de la France qu'il s'agit", a-t-il déclaré devant des militants du cru et de nombreux journalistes, insistant sur son ancrage local, une carte politique qu'il joue pour se différencier de Dominique Strauss-Kahn, bloqué à Washington par son mandat à la tête du Fonds monétaire international (FMI).
"C'est d'ici que je tire la légitimité et la force de mon engagement", a-t-il fait valoir installé à un petit pupitre qui portait la mention "Tulle 31 mars 2011", sur fond rouge et blanc.
"LA GAUCHE DOIT ÊTRE À LA HAUTEUR"
"Le moment est venu de mettre la France en avant", a-t-il estimé, attaquant un Nicolas Sarkozy "en bout de course" et un pouvoir "qui joue avec le feu en attisant les antagonismes et les peurs".
"Je n'accepte pas l'état dans lequel la France aujourd'hui se trouve (...) Je ne supporte pas la souffrance dans laquelle vivent trop de nos concitoyens harassés par tant de difficultés", a dit François Hollande, qui, dans les mots, a déjà passé le cap de la candidature à la candidature pour viser l'Elysée.
"Il faut à un moment qu'il y ait des idées et une incarnation du changement. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé, ici à Tulle, devant vous mes amis, de présenter ma candidature à l'élection présidentielle", a-t-il annoncé, sous les applaudissements et les cris de "François président".
Le néo-candidat a consacré le coeur de son message à la jeunesse, reprenant les grandes lignes du programme qu'il s'attache à élaborer depuis 18 mois au gré de conventions thématiques.
Après trois présidentielles perdues d'affilée et cinq années de présidence Sarkozy, "la gauche doit être à la hauteur", a-t-il dit.
"Il lui faut (...) montrer qu'un chemin et possible que la France peut avancer et surtout offrir à la génération qui vient après nous un avenir meilleur que le nôtre, une vie meilleure".
RÉFORMISME DE GAUCHE
Son entrée en lice, à quelques jours de la présentation du projet présidentiel du PS, déplaît à la direction socialiste, menée par Martine Aubry, qui prêche le jeu collectif à longueur de temps.
Les partisans de Dominique Strauss-Kahn, présidentiable consacré par les sondages, voient également d'un mauvais oeil François Hollande se placer sur le même créneau politique de fond: le réformisme de gauche et la ligne social-démocrate.
Ils lui demandent de réfléchir à l'utilité de sa candidature, pour ne pas accroître les divisions internes face aux attentes des Français.
Fin de non-recevoir mâtinée de fermeté de l'intéressé: "Ce qui nous attend, ce n'est pas une compétition entre nous (...) mais d'être capable de donner à la France la fierté qu'elle mérite et aux Français la confiance qu'ils attendent".
A la sortie de la séance du conseil général, Jacques, 45 ans, un électeur de droite espérait que les militants socialistes choisiraient un autre poulain que François Hollande.
"La question qui se pose, c'est s'il aura assez de temps pour la Corrèze. Moi, je ne le crois pas. Alors je préfère que ce soit un ou une autre qui soit choisi par les militants de gauche, car pour moi c'est blanc bonnet et bonnet blanc", a-t-il dit à Reuters.
"Y aura-t-il un pilote dans l'avion ?", à propos de la présidence départementale, s'est interrogé en écho Michel Paillassou, élu d'opposition et président départemental de l'UMP. "Qui choisir entre Ségolène, François ou Martine ? Un choix cornélien", a-t-il raillé sous quelques sifflets
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