mercredi 6 avril 2011

Comment en finir avec son psy

Mettre fin à sa thérapie ou à son analyse n'est pas un parcours balisé. À chacun d'inventer la meilleure manière d'en sortir.

Si entrer en psychothérapie est courageux et parfois complexe, en sortir l'est tout autant. «À chaque fois, c'est toute une histoire émotionnelle», confie Martine, 52 ans, qui a fait plusieurs «tranches» de thérapie sur une vingtaine d'années et reconnaît avoir été aidée dans ses arrêts successifs par la vie elle-même: «J'ai arrêté ma première analyse quand j'ai eu mon premier enfant. Je suis partie accoucher et ne suis pas revenue. Et dernièrement, j'ai profité d'une importante rupture professionnelle pour quitter dans un même élan le psy qui m'écoutait me plaindre de ce travail depuis quatre ans! Cela m'a évité de discuter pendant des mois de mon envie d'arrêter.»
Pourquoi l'affaire semble-t-elle si compliquée? C'est qu'il existe peu de protocoles précis sur la fin de psychothérapie. Les thérapies brèves, notamment de type TCC (thérapies comportementales et cognitives), en proposent au patient. Nombre de séances, exercices à faire chez soi et objectifs à atteindre constituent dans ces cas une sorte de contrat thérapeutique entre le thérapeute et son client, qui sait dès le début en combien de temps il sera guéri de sa phobie des araignées ou de sa timidité pathologique.
Mais dans les nombreuses autres écoles psychothérapeutiques, une sorte de flou domine quant à l'évidence d'une fin. Surtout lorsque ces méthodes font une place essentielle à l'inconscient, alors perçu comme le chef d'orchestre des relations entre un patient et son psy. Freud, père fondateur de ces cures par la parole qui reposent sur la découverte de l'inconscient, n'a en fait laissé aucune consigne précise quant à la manière de les terminer.

Le transfert

Par contre, le père de la psychanalyse a abondamment écrit sur le transfert, ce mécanisme inconscient qui amène le patient à éprouver pour son analyste des sentiments ressentis pour les adultes dans sa toute petite enfance, et à rejouer ainsi dans le présent des relations du passé.
«Si la fin d'analyse est un moment si important, c'est bien parce qu'elle remet en scène nos manières de nous séparer, explique la psychanalyste Isabel Korolitski. En cela, elle est un révélateur des stratégies inconscientes que nous empruntons pour quitter ceux que nous aimons, et dans cette décision même, fuir nos responsabilités ou au contraire, dans une évolution positive, devenir autonomes.»
Aussi, dès lors que l'analysant évoque son envie d'arrêter la cure, un véritable travail commence en réalité pour l'analyste: «Le patient se plaint de ne plus avoir de temps, d'argent pour venir… Si j'observe qu'on est justement en train d'attaquer le “roc de la castration”, cette phase où il lui faut renoncer à certaines illusions, accepter certaines limites, je considère que ce n'est pas du tout le moment d'arrêter, poursuit Isabel Korolit­ski. Bien au contraire, nous allons profiter de ce désir qui s'exprime pour un faire une matière de travail vivant.»
Et cette phase d'exploration peut durer… plusieurs mois! Sophie, 47 ans, avoue avoir évoqué l'envie d'arrêter son analyse pendant deux ou trois ans. «À chaque fois, mon analyste me disait “pas maintenant”, je lui en voulais et j'étais même allée voir un de ses confrères pour préparer mon départ et être accueillie sur un autre divan; finalement, un jour elle m'a dit: “OK, le temps est venu… Nous allons parler de cette fin.” Pendant un an, nous avons encore eu des séances alors que je savais que j'allais la quitter. C'était déroutant.» Est-ce pour marquer enfin une vraie séparation que Sophie a choisi d'arriver à sa dernière séance avec un cadeau? «Je lui ai offert une belle pierre. J'avais comme besoin d'un rituel pour lui dire au revoir.»

Au revoir, mais pas adieu

Car, en réalité, le processus d'analyse n'est jamais vraiment fini. Isabelle Yhuel, auteur d'un texte sensible et profond qui paraît ces jours-ci, Le citronnier a pris (Éd. JC Lattès), en a fait l'expérience. Quelques années après avoir fermé la porte sur sa dernière séance, elle reçoit un faire-part de décès. Sa psychanalyste est morte.
Cette annonce provoque en elle un bouleversement émotionnel inattendu, une crise intérieure inexplicable. Son récit devient alors une enquête subjective: «Pourquoi ce décès a-t-il un tel retentissement?, se demande-t-elle. En partant, je lui avais dit “merci” mais pas “adieu”. Finalement, était-ce vraiment la fin de l'analyse? J'étais partie, mais avais-je conclu?»
Mêlant recherches sur les différentes théories concernant la fin de cure et le recueil de témoignages d'autres analysants, Isabelle Yhuel comprend qu'elle avait maintenu jusque-là son analyste sur un piédestal bien peu libérateur. Et c'est l'écriture de son livre qui lui permettre d'en finir.
Même refermée, la porte du psy ne garantit donc pas forcément qu'on aie pris un chemin vraiment libératoire. Autant en être conscient, notamment en poursuivant le travail tout seul. C'est ce que Freud a fait une bonne partie de sa vie, et qu'il appelait l'«auto-analyse».

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