La Chine, qui craint une contagion des révoltes populaires arabes dans son pays, a réduit au silence quasiment tous les opposants. La police reste muette sur le sort d'un artiste dissident arrêté dimanche.
Pékin étouffe la contestation. Inquiet d'un éventuel soulèvement du peuple chinois, qui pourrait être inspiré par les insurrections dans le monde arabe, le gouvernement chinois a lancé une répression féroce contre les dissidents de son pays. Depuis le début de la «révolution de jasmin», au moins 26 militants ont été placés en détention et plus de 30 autres ont été assignés à résidence ou placés en garde à vue sans avoir été inculpés, selon des organisations de défense des droits de l'homme.
Dernière arrestation en date : celle d'Ai Weiwei, un artiste de 53 ans, qui avait récemment qualifié d' «inhumain» le régime chinois. Dimanche, le militant a été interpellé au moment où il s'apprêtait à embarquer à l'aéroport international de Pékin, selon son épouse qui est depuis sans nouvelle. Une situation inquiétante qui marque «un élargissement de la répression» en Chine pour Amnesty international, l'organisation de défense des droits de l'homme. La France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont d'ores et déjà demandé sa libération alors que la police chinoise s'est refusée à fournir des explications sur son arrestation.
La toile sous haute surveillance
La semaine dernière, la police a inculpé trois Chinois pour «subversion contre l'Etat», motif souvent utilisé pour bâillonner les critiques du gouvernement, selon les groupes de défense. Le dissident Liu Xianbin, qui a publié sur Internet des articles favorables à l'avènement de la démocratie en Chine, a notamment été condamné à dix ans de prison. «Le but de cette vague d'arrestations est de dompter Internet en éliminant les critiques les plus connues et en incitant à l'autocensure les internautes», estime Nicholas Bequelin d'Human Rights Watch (HRW). «Les autorités réduisent au silence, l'une après l'autre, les principales voix critiques qui ont accumulé une large audience sur Internet au fil des ans», estime-t-il.
Parmi les détenus sans inculpation depuis mi-février figurent aussi des avocats qui s'appuyaient sur la loi chinoise pour lutter contre les abus de pouvoir. «C'est la répression la plus dure de ces quinze dernières années. Chaque jour, quelqu'un disparaît, est amené, détenu ou inculpé», déplore les Défenseurs des droits de l'homme en Chine (CHRD - Hong Kong).
Des voix se sont élevées dans les pays occidentaux pour dénoncer ce tour de vis. Mardi, l'ambassadeur de l'Union européenne en Chine s'est inquiété de «l'usage croissant de la détention arbitraire» et appelé les autorités chinoises à s'en abstenir «quelles que soient les circonstances». La veille, par la voix d'un porte-parole du département d'État, les États-Unis se sont dits «toujours très préoccupés par la pratique des disparitions forcées, des détentions extra-judiciaires, des arrestations et des condamnations de militants».
Interrogée sur cette vague de répression, Jiang Yu, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a assuré récemment que la Chine respectait la liberté d'expression, tout en ajoutant que ses citoyens ne devaient «pas nuire à l'intérêt public».
0 التعليقات:
Enregistrer un commentaire